Environnement
Le projet ECOSAN, opérationnel à travers un appui de l’Union européenne au Burkina Faso en partenariat avec le CREPA (Centre régional pour l’eau potable et l’assainissement), réalise des activités d’hygiénisation des excréta humains depuis 2006, en vue de les transformer en engrais destinés à la production agricole. Une première phase, le projet ECOSAN-UE, s’est déroulée entre 2006 et 2009 et devant le succès de cette approche novatrice pour le Burkina Faso, le projet a entamé cette année une nouvelle phase, à travers le "Projet d’amélioration de la productivité agricole par l’utilisation des excréta humains hygiénisés comme fertilisants dans 30 villages du Kourittenga" ou "projet ECOSAN UE 2". Ce projet d’une durée de trois ans, est estimé à 1,5 millions € (9,8 milliards FCFA), l’Union européenne le finançant à hauteur de 90 % et le CREPA à hauteur de 10 %. Le projet prévoit d’étendre ses activités dans d’autres provinces du Burkina afin d’étendre l’approche ECOSAN.
Dans le cadre du premier projet ECOSAN, de nombreuses réalisations physiques ont été menées : les latrines ECOSAN ont été construites dans l’environnement public, familial (932) par des latrines à double fosse, simple fosse, et à box, la mise en place de collectes des excrétas humains et leur hygiénisation sur des sites spécifiques ont été réalisées, en vue de les transformer en engrais agricoles. Les actions d’accompagnement telles que la sensibilisation, le renforcement des capacités, la communication et le plaidoyer ont été également réalisées.
L’objectif majeur de la démarche du projet ECOSAN UE 2, en cours de réalisation, est de contribuer à la réduction de l’insécurité alimentaire et de la pauvreté des populations à travers l’amélioration de la fertilité des sols par l’utilisation des excréta humains, combinée avec les techniques de conservation des eaux et des sols.
Dans la province du Kourritenga, 30 villages du projet ont été choisis de manière participative, avec les responsables administratifs provinciaux lors d’un atelier d’informations suivant des critères précis ; les autorités locales de la province du Kourittenga (le haut commissaire, les préfets, les maires des communes rurales, les responsables des structures techniques, les directions provinciales de l’agriculture, de la santé, de l’environnement et du cadre de vie…) ont été formés à l’Assainissement écologique (ECOSAN), ainsi que 150 acteurs villageois (soit 5 par villages). En outre, l’état des lieux a été entièrement réalisé. Une tournée de sensibilisation des populations dans chacun des 30 villages du projet a été effectuée. Par ailleurs, des tests agronomiques pilotes sont mis en œuvre dans les champs.
Outre le CREPA, d’autres partenaires tels que l’Institut national de l’environnement et des recherches agricoles (INERA), l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA), le ministère de l’Agriculture de l’hydraulique et des ressources halieutiques (MAHRH) sont impliqués dans le projet.
Les avantages liés à l’adoption de l’approche ECOSAN pour un pays, notamment le Burkina Faso, sont nombreux : ils incluent la protection des ressources en eau, la réduction de la prévalence des maladies liées au manque d’hygiène en passant par celle des coûts des investissements en ouvrages centralisés de gestion des boues, et la valorisation des nutriments contenus dans les excréta humains. Ce dernier avantage permettrait au Burkina Faso, de gagner annuellement près de 50 milliards de F CFA (76,22 millions €) s’il arrivait à valoriser les nutriments contenus dans les excréta de toute la population du pays, sans compter les avantages indirects qui y sont liés.
Pour illustrer cette approche, voici l’exemple de la production d’un ménage d’environ 15 personnes sur une durée de 6 mois :
Un chef de famille, producteur agricole, ayant installé chez lui une latrine ECOSAN, a indiqué qu’il n’avait pas acheté d’engrais minéraux cette année, mais avait utilisé uniquement les engrais naturels issus d’excréta humains hyginénisés. Il a constaté une nette amélioration de sa production agricole (des légumes plus gros, en plus grande quantité) et des avantages indéniables en termes d’assainissement (notamment une diminution des maladies hydriques car les excréta sont contenus dans une latrine et enlevés par des équipes formées à cette activité, avant d’être hygiénisés). L’année dernière, il avait acheté 3 sacs d’engrais minéral, à environ 22,000 FCFA le sac de 50 kilos.
Grâce à l’approche ECOSAN, il a réalisé un bénéfice net de 66.000 FCFA, sans rien faire, et en constatant une bien meilleure production agricole, un enrichissement de ses terres, etc. Ces bénéfices sont tout à fait significatifs pour des ménages ruraux, sachant que les engrais minéraux coûtent chaque année plus cher, augmentent donc les coûts d’importation du pays, et demandent beaucoup d’énergie dans leur processus de fabrication (notamment ils induisent des effets négatifs en terme de réchauffement climatique).
Or, on estime actuellement qu’en milieu rural, ce sont moins de 10% des ménages du Burkina Faso qui disposent de ce type latrines écologiques.
Un travail de base a été mené, notamment au travers des projets ECOSAN conduits par le CREPA sur financement de l’Union européenne et d’autres bailleurs. L’UNICEF et Plan International ont commencé à utiliser cette technologie. La généralisation de l’approche ECOSAN en milieu rural permettrait au pays d’atteindre aisément les objectifs du Millénaire pour le développement en matière d’assainissement, grâce à sa simplicité, son faible coût et son respect de l’environnement.
http://www.fasozine.com/ueouaga/index.php/realisations/59-lapproche-ecosan-pour-des-engrais-naturels