Environnement

Inondation à Ouagadougou : Rimkièta, un champ de ruines

La pluie diluvienne qui s’est abattue sur la capitale, Ouagadougou n’a pas épargné Rimkièta au secteur n°19. De nombreux dégâts ont été constatés. des dizaines de maisons se sont écroulées. Un pont a cédé enclavant une partie du quartier du reste de la ville. Des sinistrés désemparés ne savent plus à quel saint se vouer.

Un pont aux abords complètement érodés par l’eau, des dizaines de maisons en ruines, des sinistrés qui tentent désespérément de retirer quelques effets des décombres, c’est ce visage de désolation que présente Rimkièta au secteur n°19 de Ouagadougou, ce jour 2 septembre 2009.

Une partie de la zone non-lotie dénommée Bangpooré (derrière les rails) de Rimkièta ressemble à un véritable champ de ruines. En un rien de temps, une centaine de maisons ont fondu sous l’abondance des eaux de pluie. Les habitants n’avaient qu’une seule chose à faire : sauver leur vie et celle des enfants "Quand je me suis réveillée, l’eau avait déjà inondé une bonne partie de la maison. J’ai immédiatement pris mes enfants et nous avons cherché un abri. J’ai abandonné tous mes bagages, c’est ce matin que je suis revenue retirer quelques effets", nous confie madame Alimata Kaboré presqu’en larmes.

La plupart des sinistrés confirme avoir été surpris par l’eau. Madame Drabo affirme qu’au moment où l’on se rendait compte de la gravité de la situation, l’eau avait envahi une majorité des maisons. "J’ai juste eu le temps de sauver mon enfant. Mon mari est sous le choc, nous avons perdu beaucoup de choses", a-t-elle souligné, les vêtements trempés de boue.

vers le deuxième pont de Ch de Gaules, Centre ville

M. Drissa Koné, un sinistré, occupé à retirer les tôles de sa maison est au bord du désespoir et ne s’empêche pas de lancer un appel aux bonnes volontés "Vous voyez que toutes les maisons sont tombées. Nous avons besoin d’aide. Que les bonnes volontés viennent à notre rescousse".

Des élans de solidarité se sont exprimés à l’endroit des sinistrés. Abdoulaye Toé fait partie de ceux qui sont venus aider les victimes de l’inondation à sortir quelques effets importants des ruines. "Je suis venu pour aider un grand-frère dont la maison est tombée. Tous ses bagages sont engloutis par la boue. C’est un devoir pour moi de venir à la rescousse de mon frère", souligne-t-il.

Grâce aux bonnes volontés et au dynamisme de quelques conseillers municipaux, les sinistrés n’ont pas passé la nuit à la belle étoile.

Une école comme abri

L’école Sogpélsé, située non loin du lieu du drame, a ouvert ses portes aux victimes de l’inondation. Le secrétaire général de l’Association des parents d’élèves (APE) de ladite école, M. Pierre T. Kaboré a déclaré la présence de plus de trois cents (300) sinistrés à l’école. Sous l’instigation du conseil municipal de Boulmiougou, il est chargé du recensement des personnes sinistrés.
"Nous recensons les sinistrés. Pour le moment, ils sont logés dans les salles de classe. C’est un travail qui nous a été demandé par le conseil municipal de Boulmiougou. Nous sommes débordés, il n’y a plus de place. De bonnes volontés leur ont apporté des boîtes de sardines et du pain", a-t-il laissé entendre.
Les sinistrés rencontrés à l’école ont de la peine à se remettre d’un tel désastre. M. Issiaka Zaprès très affecté se confie en ces termes :"C’est une vraie catastrophe. J’ai tout perdu, mon matériel, mon argent tout est resté dans les décombres de ma maison. Heureusement, j’ai pu avoir accès à la salle de classe avec ma famille. Je suis retourné sur les ruines ce matin et j’ai pu retrouver quelques papiers importants. Des bonnes volontés nous ont apporté de la nourriture ce matin".
Madame Bagagnan Bernadette semble être au-dessus de la mêlée. Elle affiche une relative sérénité : "Ma maison a cédé autour de 6 heures le 1er septembre. Très vite, j’ai tout laissé et accouru à l’école avec mon fils. Le gardien nous a ouvert les portes et on a pu s’abriter. Il faut reconnaître que hier nous étions au moins cent dans une salle de classe. On fait avec, de bonnes volontés ont volé à notre secours", martèle-t-elle.
Du côté de la voirie, c’est le même spectacle de désolation qui est donné à voir.

Un pont a cédé

Le pont qui traverse le bas-fond de Rimkièta et qui sert de liaison entre les deux rives a cédé face au débit furieux des eaux. Les abords ont été littéralement emportés dans les ravins. Face à une telle situation, une bonne partie de la population s’est ruée sur le pont des rails situé à 500 mètres du pont principal. Le souci d’éviter le pire, la police de Sitarail s’est déportée sur les rails pour réguler le passage des habitants. "Nous sommes là pour aider la population à réussir le passage et à éviter un drame quelconque. Il y a un train qui doit arriver dans un instant. Il faut que nous soyons là pour libérer le passage", nous confie le commissaire de police M. Moussa Sawadogo.

Au niveau du pont endommagé, quelques riverains ont pris l’initiative de frayer un passage à l’aide de sacs de sable. Leur responsable, Adama Niampa s’explique : "Nous sommes là depuis ce matin sur le pont. Nous remplissons des sacs avec de la terre et du sable pour frayer un passage afin de permettre aux gens de traverser. Nous n’exigeons rien pour le passage, nous avons juste besoin d’un geste de solidarité pour acheter suffisamment des sacs vides. C’est à la mosquée hier soir que nous avons pris cette initiative de faire quelque chose".

Tinto Abdoul Latif, jeune volontaire affirme avoir sacrifié une journée de travail pour aider les habitants de son quartier. Les passants interrogés saluent l’initiative entreprise par ces braves gens. "Je tiens à les remercier pour ce qu’ils font. Ils nous soulagent réellement dans cette impasse. Je vais leur apporter ma contribution car ils méritent notre encouragement", a souligné un passant. Une autre passante, Mme Fatima Traoré tire son chapeau à ces bonnes volontés qui sont en train de se sacrifier pour eux.

Il faut noter qu’une rumeur concernant la disparition d’un bébé d’environ une semaine et d’une vieille femme circule dans la zone sinistrée. Mais les personnes interrogées ne confirment pas ces disparitions. Des témoignages nous ont été livrés à propos de deux véhicules et plusieurs animaux emportés par l’eau.

Karim BADOLO
Rosine TSOBZE
(Stagiaires) http://www.sidwaya.bf/dossier_inondation-rimkieta.htm

150 000 personnes à prendre en charge

Le Premier ministre, Tertius Zongo, a tenu mercredi 2 septembre 2009, dans la matinée, un Conseil de cabinet spécial avec les membres au gouvernement. Au menu de ce conseil, le bilan et l’évaluation de la situation suite à la pluie diluvienne tombée sur Ouagadougou, le mardi 1er septembre 2009.

Le Premier ministre, Tertius Zongo, a salué l’élan de solidarité qui s’est manifesté lors de cette inondation.

Le Conseil de cabinet spécial a évalué la situation.

La pluie diluvienne tombée sur la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou, le 1er septembre 2009 a fait de nombreux sans abri.
Aussi, le gouvernement qui a mis en place, un Comité de crise a tenu, hier mercredi 2 septembre 2009, un Conseil de cabinet spécial pour évaluer la situation. Pour le chef du gouvernement, Tertius Zongo, ce conseil a travaillé sur deux volets. "Pour le premier volet, il s’est agi d’évaluer la situation à la date d’aujourd’hui", a dit le Premier ministre. Aussi, selon Tertius Zongo, 110 000 personnes sans abri suite à l’inondation ont été relogées, mais un certain nombre de personnes ont refusé de rejoindre les sites d’hébergement retenus par le gouvernement. Elles sont estimées à environ 20 000. "L’un dans l’autre, il faut reloger au moins 130 000 personnes...", a souligné le chef du gouvernement.

D’autres personnes ont trouvé refuge chez des voisins créant ainsi des charges pour ceux-ci. Les services techniques, selon Tertius Zongo, estiment les personnes autour de 20 000 qui ne sont pas sur les sites de relogement et qu’il faut soutenir. "Au bas mot, nous estimons qu’il y a au total environ 150 000 personnes qu’il faut prendre en charge. Par conséquent, nous avons discuté sur les besoins humanitaires...", a confié Tertius Zongo.

Ces besoins humanitaires concernent selon lui, leur alimentation, le matériel de couchage, l’assainissement des sites d’hébergement, les moyens logistiques, les questions de réhabilitation... Le conseil de cabinet spécial a évalué également les dégâts causés par l’inondation dont notamment des infrastructures publiques. "Le bilan qui a été fait enregistre douze ouvrages d’art touchés dont trois posent problème et sont même interdits à la circulation actuellement, quatre autres où l’on peut autoriser une circulation alternée mais il y a des risques". "Il faut voir comment remettre en état ces ouvrages et combien cela peut coûter. Des barrages ont cédé. Le ministre chargé de l’hydraulique est en train de faire le point, il y a certains caniveaux qu’il faut allonger. Le ministre chargé de l’habitat va nous dire ce qu’il faut faire à ce niveau. Il y a des bâtiments publics qui ont également touchés. Le mur du centre hospitalier Yalgado Ouédraogo est bombé, certains services telle l’imagerie ont été inondés, l’imprimerie de l’armée, le FESPACO... ont également été envahis par l’eau...", a relevé Tertius Zongo.

Le chef du gouvernement a également souligné qu’il y a eu des pertes en vie humaine. "Les sapeurs pompiers ont repêché les trois corps ce matin dont nous avions parlé déjà le 1er septembre 2009. A Kiembara dans la province du Sourou une dame d’un certain âge a perdu la vie hier et nous pensons que c’est lié à l’inondation. Ce matin, il y a un immeuble qui s’est effondré à Ouagadougou qui a fait un mort...", a soutenu le chef du gouvernement.

Le deuxième volet sur lequel le Conseil de cabinet spécial s’est penché, c’est à en croire Tertius Zongo, comment envisagé l’avenir qui, selon lui paraît le plus important des points. L’avenir, ce sont les reconstructions certes, mais c’est surtout qu’il y ait de la discipline.

Pour Tertius Zongo, il faut qu’à partir de maintenant, chacun sache qu’il y a des choses qu’on ne peut pas faire et qu’on ne doit pas faire. L’Etat doit également, selon lui, éviter de tomber dans la complaisance et prendre des responsabilités afin d’amener les gens à respecter les règles qu’il a lui-même édictées. Les gens peuvent se rassurer. Nous allons désormais être strict sur nos principes...", a-t-il martelé.

Tertius Zongo a salué l’élan de solidarité qui s’est manifesté lors de cette inondation. "Il faut féliciter tout le monde. Il faut voir comment maintenir cette flamme de la solidarité...", a-t-il dit. Et de poursuivre que le Comité de crise va continuer à se réunir quotidiennement. "Nous allons corriger les insuffisances en avançant. Les différents acteurs ont fait de leur mieux ce matin pour donner à manger à ceux qui sont hébergés sur le site. Il y a des gens qui souhaitent naturellement plus de pain. Il faut 25 tonnes de riz pour chaque repas sans compter l’huile, la viande. Mme le ministre de l’Action sociale et de la Solidarité nationale nous a assurés que des repas chauds sont servis. Nous allons profiter lancer un appel aux uns et aux autres que ce ne sont pas simplement leurs contributions financières que nous souhaitons. Nous voulons aussi leur idées pour que les choses se passent bien...", a affirmé le Premier ministre.

Etienne NASSA
paratena@yahoo.fr

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