Savoirs locaux

François 1er, créateur de mode ethnique contemporaine

François 1er de son vrai nom François Yaméogo est styliste-modéliste dans l’âme. Nanti d’une bonne dose d’expériences dans le maniement du tissu, son charme est surtout remarquable dans le façonnage et la coupe à l’européenne de ses modèles de vêtements (hommes-femmes) dans le Faso danfani.

Celui-là même qui se fait ambassadeur du Faso danfani hors de nos frontières (il réside à Paris depuis plus de trente ans) est revenu boire l’inspiration à la source conformément à sa devise, « François 1er, créateur de mode ethnique contemporaine ». Rencontre !

Sidwaya Mag : Est-ce les vacances dans votre cher pays le Burkina Faso ?

François 1er : Non ! Je suis venu au Burkina, d’abord pour voir mon personnel et puis voir l’organisation et l’appuyer dans tout ce qui se passe. D’autre part, je suis en train de préparer un événement de mode pour le mois à venir. Il sera, ne vous en doutez pas, différent des autres.

Il s’agit d’un défilé de mode qui sera orienté vers l’industrie de la mode, le prêt-à-porter de façon à montrer un peu le savoir faire burkinabè, montrer qu’on a des techniciens dans la mode et qu’on peut faire des produits exportables. Nous avons de la compétence non pas pour changer les choses qui existaient avant mais plutôt pour influencer la mode, lui donner également une empreinte burkinabè avec tous ses acteurs qui la composent.

Sidwaya Mag : Quelle sera la particularité de cet événement ?

François 1er : La particularité de cet événement est que dans ce défilé, il y aura le « glamour ; mais l’accent sera mis sur la mode exportable et vendable, les produits finis réalisés en Faso danfani c’est-à-dire les matières premières du terroir. C’est un défilé au cours duquel je veux que les gens aient un autre regard de la mode.

Ce défilé va nous faire comprendre que la mode est aussi porteuse d’espoir et que c’est un secteur très économique. Le Faso danfani est une matière à laquelle je crois et préfère. Je l’ai testé en France et il s’adapte facilement au prêt-à-porter.

C’est également une matière qui permet de développer l’imagination créatrice des couturiers. Il faut que les couturiers s’y mettent. J’ai une démarche de création qui s’avère particulière dans le Faso danfani surtout avec le prêt-à-porter.

Sidwaya Mag : Justement, la tendance de vos créations est le prêt-à-porter à l’Occidental ; est-ce parce que vous vivez à Paris ?

François 1er : Non pas forcément ! Il y a un constat simple, lorsque vous observez les coupes de ceux qui font des vêtements ou de ceux qui font les pagnes, vous aurez tendance à faire la même observation à ces couturiers. C’est le simple fait que la coupe est occidentale, la coupe n’est pas africaine.

Les pagnes présentent beaucoup de couleurs et de motifs. C’est plutôt les Occidentaux qui utilisent nos motifs pour faire les pagnes et nous les revendre sous forme d’une nouvelle colonisation. Je peux dessiner un ensemble pagne (la jupe longue, le corsage ou le haut) avec une coupe européenne mais la différence est que j’utilise des matières premières africaines notamment le Faso danfani.

Quand on regarde ma mode, je fais des coupes un peu sobres. Je rentre dans le côté universel parce que je veux que ma mode soit aimée dans le mode entier. Je ne suis pas dans une mode appartenant à une communauté donnée mais plutôt une mode universel.

SidwayaMag : Selon vous, pourquoi le Faso danfani a pris du temps à être valorisé par les consommateurs et les stylistes ?

François 1er : Personnellement, quand j’étais gamin, pour aller à l’école, mon père achetait un pagne Faso danfani pour mon boubou. Cela veut dire quand-même que ce tissu a une histoire. La différence avec le contexte d’aujourd’hui, revient à une problématique : comment faire pour que cette matière sur le plan économique soit adaptée au monde et qu’on puisse l’exploiter de façon efficace, comment créer une industrie du Faso danfani ?

C’est une autre paire de manche ; le Faso danfani n’a pas pris du temps pour être mis en valeur ; il a seulement pris son chemin et chacun vient et y met son grain de sel. Moi je fais ce que je peux ; après moi il y aura d’autres personnes qui feront d’autres choses.

Le plus important c’est qu’il y ait une continuité dans l’œuvre de promotion de cette matière première.

Sidwaya Mag : Au regard de l’engouement actuel pour le Faso danfani, est-ce son bon moment ?

François 1er : Je crois que oui. C’est le bon moment pour le Faso danfani car le Burkina Faso est un pays qui a actuellement la cote sur le plan international. Son président est très écouté sur le plan international et on est bien vu. C’est le moment qu’on s’y mette pour développer aussi le domaine de la mode à travers notre Faso danfani.

SidwayaMag : De plus en plus dans vos interventions, vous parlez beaucoup d’économie de la mode ; à quoi vous référez-vous ?

François 1er : Quand on dit économie de la mode, vous faites référence à un processus : coudre, exporter et vendre. Aujourd’hui, il ne sert à rien de rester confiner dans son atelier à fabriquer pour les jeunes de son quartier ou de sa ville.

Il faut savoir saisir sinon créer soi-même les opportunités. Nous avons la matière première sur place. Ce qu’il reste, c’est la force de vente et pour cela, il faut créer des réseautages, oser des initiatives.

Sidwaya Mag : François 1er et la mode ethnique contemporaine, qu’est-ce qui explique ce parfait amour ?

François 1er : La mode ethnique contemporaine renvoie à une culture. Je veux une mode dans laquelle je ne renie pas mon passé mais dans laquelle je conjugue le présent et le passé par aller vers le futur. Je ne voudrais pas pour la jeune génération et celle à venir des vêtements typiquement européens mais au moins des vêtements ayant une touche africaine.

Il faut que l’Afrique soit associée dans la démarche de création de nous stylistes-modélistes. Quand je dis ethnique contemporain c’est tout simplement que si le tissu est africain, la coupe peut alors être européenne, les couleurs peuvent aussi être adaptées à l’Europe. Cela devient un mélange, c’est-à-dire universel.

Sidwaya Mag : A l’heure de la célébration des 50 ans d’indépendance, est-ce que l’héritage du Faso danfani est ce que nous avons de plus cher ?

François 1er : Il y a eu beaucoup d’héritage quand on regarde le Burkina aujourd’hui et le Burkina il y a 15 à 20 ans. Moi qui vis actuellement à Paris, je sais qu’on ne parlait pas du Burkina Faso. Aujourd’hui, on sait que le Burkina Faso existe dans le monde. Le Faso danfani a survécu et évolue comme bien d’autres domaines au Burkina Faso.

SidwayaMag : Selon vous, la mode au 21e siècle, c’est quoi ?

François 1er : Dans le 21e siècle, la mode doit avoir sa place dans la mondialisation. C’est à tous les créateurs de s’y mettre, de prendre les produits du terroir, de les valoriser et de créer des modèles adaptés au monde.

La réflexion sur la mode aussi doit être universelle et c’est aux stylistes de se distinguer avec ce qu’ils ont comme plus-value, ici, le Faso danfani. Beaucoup de jeunes qui s’aventurent dans le domaine ont fait des études et possèdent des diplômes. Moi j’ai passé du temps dans l’apprentissage. Aujourd’hui, il est facile pour eux d’avoir des références car la mode est partout : à la rue, à la télévision, sur Internet.

SidwayaMag : Merci !

François 1er : C’est moi qui vous dois le merci. Je tiens à vous dire que je porte mon regard aujourd’hui sur tous ceux qui vivent une situation de sinistre où qui sont dans les situations difficiles au Burkina suite aux inondations causées par ces pluies torrentielles de ces derniers jours. Je prie Dieu pour eux, c’est dommage mais ils s’en sortiront.

Entretien réalisé par Ismael BICABA

elbicab @ gmail.com
François 1er de son vrai nom François Yaméogo est styliste-modéliste dans l’âme. Nanti d’une bonne dose d’expériences dans le maniement du tissu, son charme est surtout remarquable dans le façonnage et la coupe à l’européenne de ses modèles de vêtements (hommes-femmes) dans le Faso danfani.

Celui-là même qui se fait ambassadeur du Faso danfani hors de nos frontières (il réside à Paris depuis plus de trente ans) est revenu boire l’inspiration à la source conformément à sa devise, « François 1er, créateur de mode ethnique contemporaine ». Rencontre !

Sidwaya Mag : Est-ce les vacances dans votre cher pays le Burkina Faso ?

François 1er : Non ! Je suis venu au Burkina, d’abord pour voir mon personnel et puis voir l’organisation et l’appuyer dans tout ce qui se passe. D’autre part, je suis en train de préparer un événement de mode pour le mois à venir. Il sera, ne vous en doutez pas, différent des autres.

Il s’agit d’un défilé de mode qui sera orienté vers l’industrie de la mode, le prêt-à-porter de façon à montrer un peu le savoir faire burkinabè, montrer qu’on a des techniciens dans la mode et qu’on peut faire des produits exportables. Nous avons de la compétence non pas pour changer les choses qui existaient avant mais plutôt pour influencer la mode, lui donner également une empreinte burkinabè avec tous ses acteurs qui la composent.

Sidwaya Mag : Quelle sera la particularité de cet événement ?

François 1er : La particularité de cet événement est que dans ce défilé, il y aura le « glamour ; mais l’accent sera mis sur la mode exportable et vendable, les produits finis réalisés en Faso danfani c’est-à-dire les matières premières du terroir. C’est un défilé au cours duquel je veux que les gens aient un autre regard de la mode.

Ce défilé va nous faire comprendre que la mode est aussi porteuse d’espoir et que c’est un secteur très économique. Le Faso danfani est une matière à laquelle je crois et préfère. Je l’ai testé en France et il s’adapte facilement au prêt-à-porter.

C’est également une matière qui permet de développer l’imagination créatrice des couturiers. Il faut que les couturiers s’y mettent. J’ai une démarche de création qui s’avère particulière dans le Faso danfani surtout avec le prêt-à-porter.

Sidwaya Mag : Justement, la tendance de vos créations est le prêt-à-porter à l’Occidental ; est-ce parce que vous vivez à Paris ?

François 1er : Non pas forcément ! Il y a un constat simple, lorsque vous observez les coupes de ceux qui font des vêtements ou de ceux qui font les pagnes, vous aurez tendance à faire la même observation à ces couturiers. C’est le simple fait que la coupe est occidentale, la coupe n’est pas africaine.

Les pagnes présentent beaucoup de couleurs et de motifs. C’est plutôt les Occidentaux qui utilisent nos motifs pour faire les pagnes et nous les revendre sous forme d’une nouvelle colonisation. Je peux dessiner un ensemble pagne (la jupe longue, le corsage ou le haut) avec une coupe européenne mais la différence est que j’utilise des matières premières africaines notamment le Faso danfani.

Quand on regarde ma mode, je fais des coupes un peu sobres. Je rentre dans le côté universel parce que je veux que ma mode soit aimée dans le mode entier. Je ne suis pas dans une mode appartenant à une communauté donnée mais plutôt une mode universel.

SidwayaMag : Selon vous, pourquoi le Faso danfani a pris du temps à être valorisé par les consommateurs et les stylistes ?

François 1er : Personnellement, quand j’étais gamin, pour aller à l’école, mon père achetait un pagne Faso danfani pour mon boubou. Cela veut dire quand-même que ce tissu a une histoire. La différence avec le contexte d’aujourd’hui, revient à une problématique : comment faire pour que cette matière sur le plan économique soit adaptée au monde et qu’on puisse l’exploiter de façon efficace, comment créer une industrie du Faso danfani ?

C’est une autre paire de manche ; le Faso danfani n’a pas pris du temps pour être mis en valeur ; il a seulement pris son chemin et chacun vient et y met son grain de sel. Moi je fais ce que je peux ; après moi il y aura d’autres personnes qui feront d’autres choses.

Le plus important c’est qu’il y ait une continuité dans l’œuvre de promotion de cette matière première.

Sidwaya Mag : Au regard de l’engouement actuel pour le Faso danfani, est-ce son bon moment ?

François 1er : Je crois que oui. C’est le bon moment pour le Faso danfani car le Burkina Faso est un pays qui a actuellement la cote sur le plan international. Son président est très écouté sur le plan international et on est bien vu. C’est le moment qu’on s’y mette pour développer aussi le domaine de la mode à travers notre Faso danfani.

SidwayaMag : De plus en plus dans vos interventions, vous parlez beaucoup d’économie de la mode ; à quoi vous référez-vous ?

François 1er : Quand on dit économie de la mode, vous faites référence à un processus : coudre, exporter et vendre. Aujourd’hui, il ne sert à rien de rester confiner dans son atelier à fabriquer pour les jeunes de son quartier ou de sa ville.

Il faut savoir saisir sinon créer soi-même les opportunités. Nous avons la matière première sur place. Ce qu’il reste, c’est la force de vente et pour cela, il faut créer des réseautages, oser des initiatives.

Sidwaya Mag : François 1er et la mode ethnique contemporaine, qu’est-ce qui explique ce parfait amour ?

François 1er : La mode ethnique contemporaine renvoie à une culture. Je veux une mode dans laquelle je ne renie pas mon passé mais dans laquelle je conjugue le présent et le passé par aller vers le futur. Je ne voudrais pas pour la jeune génération et celle à venir des vêtements typiquement européens mais au moins des vêtements ayant une touche africaine.

Il faut que l’Afrique soit associée dans la démarche de création de nous stylistes-modélistes. Quand je dis ethnique contemporain c’est tout simplement que si le tissu est africain, la coupe peut alors être européenne, les couleurs peuvent aussi être adaptées à l’Europe. Cela devient un mélange, c’est-à-dire universel.

Sidwaya Mag : A l’heure de la célébration des 50 ans d’indépendance, est-ce que l’héritage du Faso danfani est ce que nous avons de plus cher ?

François 1er : Il y a eu beaucoup d’héritage quand on regarde le Burkina aujourd’hui et le Burkina il y a 15 à 20 ans. Moi qui vis actuellement à Paris, je sais qu’on ne parlait pas du Burkina Faso. Aujourd’hui, on sait que le Burkina Faso existe dans le monde. Le Faso danfani a survécu et évolue comme bien d’autres domaines au Burkina Faso.

SidwayaMag : Selon vous, la mode au 21e siècle, c’est quoi ?

François 1er : Dans le 21e siècle, la mode doit avoir sa place dans la mondialisation. C’est à tous les créateurs de s’y mettre, de prendre les produits du terroir, de les valoriser et de créer des modèles adaptés au monde.

La réflexion sur la mode aussi doit être universelle et c’est aux stylistes de se distinguer avec ce qu’ils ont comme plus-value, ici, le Faso danfani. Beaucoup de jeunes qui s’aventurent dans le domaine ont fait des études et possèdent des diplômes. Moi j’ai passé du temps dans l’apprentissage. Aujourd’hui, il est facile pour eux d’avoir des références car la mode est partout : à la rue, à la télévision, sur Internet.

SidwayaMag : Merci !

François 1er : C’est moi qui vous dois le merci. Je tiens à vous dire que je porte mon regard aujourd’hui sur tous ceux qui vivent une situation de sinistre où qui sont dans les situations difficiles au Burkina suite aux inondations causées par ces pluies torrentielles de ces derniers jours. Je prie Dieu pour eux, c’est dommage mais ils s’en sortiront.

Entretien réalisé par Ismael BICABA

elbicab @ gmail.comFrançois 1er de son vrai nom François Yaméogo est styliste-modéliste dans l’âme. Nanti d’une bonne dose d’expériences dans le maniement du tissu, son charme est surtout remarquable dans le façonnage et la coupe à l’européenne de ses modèles de vêtements (hommes-femmes) dans le Faso danfani.

Celui-là même qui se fait ambassadeur du Faso danfani hors de nos frontières (il réside à Paris depuis plus de trente ans) est revenu boire l’inspiration à la source conformément à sa devise, « François 1er, créateur de mode ethnique contemporaine ». Rencontre !

Sidwaya Mag : Est-ce les vacances dans votre cher pays le Burkina Faso ?

François 1er : Non ! Je suis venu au Burkina, d’abord pour voir mon personnel et puis voir l’organisation et l’appuyer dans tout ce qui se passe. D’autre part, je suis en train de préparer un événement de mode pour le mois à venir. Il sera, ne vous en doutez pas, différent des autres.

Il s’agit d’un défilé de mode qui sera orienté vers l’industrie de la mode, le prêt-à-porter de façon à montrer un peu le savoir faire burkinabè, montrer qu’on a des techniciens dans la mode et qu’on peut faire des produits exportables. Nous avons de la compétence non pas pour changer les choses qui existaient avant mais plutôt pour influencer la mode, lui donner également une empreinte burkinabè avec tous ses acteurs qui la composent.

Sidwaya Mag : Quelle sera la particularité de cet événement ?

François 1er : La particularité de cet événement est que dans ce défilé, il y aura le « glamour ; mais l’accent sera mis sur la mode exportable et vendable, les produits finis réalisés en Faso danfani c’est-à-dire les matières premières du terroir. C’est un défilé au cours duquel je veux que les gens aient un autre regard de la mode.

Ce défilé va nous faire comprendre que la mode est aussi porteuse d’espoir et que c’est un secteur très économique. Le Faso danfani est une matière à laquelle je crois et préfère. Je l’ai testé en France et il s’adapte facilement au prêt-à-porter.

C’est également une matière qui permet de développer l’imagination créatrice des couturiers. Il faut que les couturiers s’y mettent. J’ai une démarche de création qui s’avère particulière dans le Faso danfani surtout avec le prêt-à-porter.

Sidwaya Mag : Justement, la tendance de vos créations est le prêt-à-porter à l’Occidental ; est-ce parce que vous vivez à Paris ?

François 1er : Non pas forcément ! Il y a un constat simple, lorsque vous observez les coupes de ceux qui font des vêtements ou de ceux qui font les pagnes, vous aurez tendance à faire la même observation à ces couturiers. C’est le simple fait que la coupe est occidentale, la coupe n’est pas africaine.

Les pagnes présentent beaucoup de couleurs et de motifs. C’est plutôt les Occidentaux qui utilisent nos motifs pour faire les pagnes et nous les revendre sous forme d’une nouvelle colonisation. Je peux dessiner un ensemble pagne (la jupe longue, le corsage ou le haut) avec une coupe européenne mais la différence est que j’utilise des matières premières africaines notamment le Faso danfani.

Quand on regarde ma mode, je fais des coupes un peu sobres. Je rentre dans le côté universel parce que je veux que ma mode soit aimée dans le mode entier. Je ne suis pas dans une mode appartenant à une communauté donnée mais plutôt une mode universel.

SidwayaMag : Selon vous, pourquoi le Faso danfani a pris du temps à être valorisé par les consommateurs et les stylistes ?

François 1er : Personnellement, quand j’étais gamin, pour aller à l’école, mon père achetait un pagne Faso danfani pour mon boubou. Cela veut dire quand-même que ce tissu a une histoire. La différence avec le contexte d’aujourd’hui, revient à une problématique : comment faire pour que cette matière sur le plan économique soit adaptée au monde et qu’on puisse l’exploiter de façon efficace, comment créer une industrie du Faso danfani ?

C’est une autre paire de manche ; le Faso danfani n’a pas pris du temps pour être mis en valeur ; il a seulement pris son chemin et chacun vient et y met son grain de sel. Moi je fais ce que je peux ; après moi il y aura d’autres personnes qui feront d’autres choses.

Le plus important c’est qu’il y ait une continuité dans l’œuvre de promotion de cette matière première.

Sidwaya Mag : Au regard de l’engouement actuel pour le Faso danfani, est-ce son bon moment ?

François 1er : Je crois que oui. C’est le bon moment pour le Faso danfani car le Burkina Faso est un pays qui a actuellement la cote sur le plan international. Son président est très écouté sur le plan international et on est bien vu. C’est le moment qu’on s’y mette pour développer aussi le domaine de la mode à travers notre Faso danfani.

SidwayaMag : De plus en plus dans vos interventions, vous parlez beaucoup d’économie de la mode ; à quoi vous référez-vous ?

François 1er : Quand on dit économie de la mode, vous faites référence à un processus : coudre, exporter et vendre. Aujourd’hui, il ne sert à rien de rester confiner dans son atelier à fabriquer pour les jeunes de son quartier ou de sa ville.

Il faut savoir saisir sinon créer soi-même les opportunités. Nous avons la matière première sur place. Ce qu’il reste, c’est la force de vente et pour cela, il faut créer des réseautages, oser des initiatives.

Sidwaya Mag : François 1er et la mode ethnique contemporaine, qu’est-ce qui explique ce parfait amour ?

François 1er : La mode ethnique contemporaine renvoie à une culture. Je veux une mode dans laquelle je ne renie pas mon passé mais dans laquelle je conjugue le présent et le passé par aller vers le futur. Je ne voudrais pas pour la jeune génération et celle à venir des vêtements typiquement européens mais au moins des vêtements ayant une touche africaine.

Il faut que l’Afrique soit associée dans la démarche de création de nous stylistes-modélistes. Quand je dis ethnique contemporain c’est tout simplement que si le tissu est africain, la coupe peut alors être européenne, les couleurs peuvent aussi être adaptées à l’Europe. Cela devient un mélange, c’est-à-dire universel.

Sidwaya Mag : A l’heure de la célébration des 50 ans d’indépendance, est-ce que l’héritage du Faso danfani est ce que nous avons de plus cher ?

François 1er : Il y a eu beaucoup d’héritage quand on regarde le Burkina aujourd’hui et le Burkina il y a 15 à 20 ans. Moi qui vis actuellement à Paris, je sais qu’on ne parlait pas du Burkina Faso. Aujourd’hui, on sait que le Burkina Faso existe dans le monde. Le Faso danfani a survécu et évolue comme bien d’autres domaines au Burkina Faso.

SidwayaMag : Selon vous, la mode au 21e siècle, c’est quoi ?

François 1er : Dans le 21e siècle, la mode doit avoir sa place dans la mondialisation. C’est à tous les créateurs de s’y mettre, de prendre les produits du terroir, de les valoriser et de créer des modèles adaptés au monde.

La réflexion sur la mode aussi doit être universelle et c’est aux stylistes de se distinguer avec ce qu’ils ont comme plus-value, ici, le Faso danfani. Beaucoup de jeunes qui s’aventurent dans le domaine ont fait des études et possèdent des diplômes. Moi j’ai passé du temps dans l’apprentissage. Aujourd’hui, il est facile pour eux d’avoir des références car la mode est partout : à la rue, à la télévision, sur Internet.

SidwayaMag : Merci !

François 1er : C’est moi qui vous dois le merci. Je tiens à vous dire que je porte mon regard aujourd’hui sur tous ceux qui vivent une situation de sinistre où qui sont dans les situations difficiles au Burkina suite aux inondations causées par ces pluies torrentielles de ces derniers jours. Je prie Dieu pour eux, c’est dommage mais ils s’en sortiront.

Entretien réalisé par Ismael BICABA

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