Savoirs locaux

Produits de la pharmacopée traditionnelle : Un véritable business

La médecine traditionnelle au Burkina

Au Burkina Faso, la médecine traditionnelle assurait la couverture des besoins sanitaires des communautés avant la période coloniale, elle sera petit à petit interdite par le colonisateur au profit de la médecine conventionnelle. C’est après les indépendances que la pharmacopée prit son envol mais il faut attendre 1994 pour voir sa reconnaissance officielle dans la loi portant code de santé publique.

Ainsi, la pharmacopée traditionnelle peut être définie comme un ensemble de savoirs, de connaissances, de pratiques, de techniques de préparations et d’utilisations des substances végétales, animales et/ou minérales, qui servent à diagnostiquer, prévenir et/ou éliminer un déséquilibre physique, mental ou social.

Le ministère de la Santé a organisé en avril 2008 à Ouagadougou, un atelier national de concertation entre les intervenants de la médecine traditionnelle et ceux de la médecine moderne, en vue de fédérer les compétences pour une meilleure prise en charge de la santé des populations burkinabè. Au cours de ses assises, on a estimé à environ 30.000 tradipraticiens de santé œuvrent au quotidien à prévenir et lutter contre la maladie au Burkina Faso.

Flopée de produits de la pharmacopée sur le marché burkinabè

De plus en plus toutes les manifestations au Burkina Faso, sont des occasions pour les acteurs du secteur de la médecine traditionnelle, de promouvoir et vendre leurs produits . En effet, depuis la dévaluation du franc CFA en janvier 1994, la cherté des produits des officines pharmaceutiques a amené bon nombre de citoyens à se soigner par la pharmacopée. Cette dépendance de la population de la pharmacopée traditionnelle s’explique aussi par le fait que le Burkina Faso a des atouts dans la diversité d’une flore très riche (plus de 2000 espèces médicinales identifiées). De nos jours, toutes les catégories socioprofessionnelles s’adonnent aux soins de la pharmacopée.

A l’occasion de la récente Foire Internationale Multisectorielle de Ouagadougou (FIMO), on a été surpris par la flopée de produits de la pharmacopée sur le marché burkinabè. Environ une soixantaine de tradipraticiens sont venus promotionner leurs produits. Guérisseurs burkinabè, togolais et béninois étaient majoritairement représentés à cette foire. Dans les stands les slogans parlaient d’eux-mêmes : « La pharmacopée béninoise, la vertu des plantes », « Secret des plantes », « Jardin botanique », « Les remèdes de nos ancêtres » et bien d’autres.

Toutes les maladies ou troubles connus de mémoire d’homme sont presque pris en charge par ces naturothérapeutes qui proposent même des produits pour augmentation de chance, succès avec les femmes, emploi etc.

Pour ce qui est des prix, ils se situaient en moyenne entre 1750F et 6000F chez les vendeurs burkinabè, à cette occasion. Chez les vendeurs étrangers, les produits coûtaient encore plus chers à cause des taxes et le prix des stands plus élevés. En général pour une maladie, une association de produits est proposée, ce qui élève le coût du traitement. Faisons remarquer que les prix de ces produits concurrencent les produits de la médecine moderne, vendus dans les pharmacies. Les promoteurs de la phamacopée traditionnelle ont érigé de véritables industries et volent d’exposition en exposition et de foire en foire dans la sous-région pour écouler leurs marchandises. Sur les prospectus distribués à l’occasion de la FIMO, ont peut lire à titre d’exemple : « Représentation en Côte d’Ivoire … », « Représentant officiel au Niger », « Contactez M. X au Mali » etc. Ces industries de la pharmacopée mettent petit à petit sur pieds de véritables circuits de distribution dans la sous-région et font désormais partie intégrante des économies africaines.

De la règlementation du secteur de la médecine traditionnelle

Constat fait,il s’avère indispensable que la réglementation actuellement en vigueur soit effectivement appliquée et qu’elle permette enfin de distinguer les tradipraticiens de santé des charlatans ou medium de tout acabit.

L’un des objectifs que s’est fixés le ministère de la santé est de répertorier l’ensemble des praticiens traditionnels, de les reconnaître, les faire prêter serment et distinguer ceux qui le méritent afin d’amener les autres à s’améliorer. Les autorités burkinabè ambitionnent ainsi d’arriver à un moment où dans les formations sanitaires, les tradipraticiens réfèrent des patients aux médecins et vice versa, selon le résultat que chacun pense pouvoir atteindre. La Direction générale de la pharmacopée, du médicament et des laboratoires (DGPML) œuvre continuellement à une meilleure structuration de la pharmacopée traditionnelle afin de barrer la route aux brebis galeuses qui s’infiltrent et abusent des patients.

Concernant la fiabilité de ces produits, il s’avère également nécessaire d’élaborer des normes. Le dosage des traitements reste à maîtriser, dosages parfois excessifs .En tout cas, au stade actuel, la crédibilité de ces produits est hypothétique. Certains de ces produits sont entourés de mythes à tel point qu’ils laissent à désirer. Comment réglementer un secteur où certains disent « travailler avec des esprits » ? that’s the question, dirait l’anglais.

Mais, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Faisons également remarquer que parmi la panoplie de produits existant sur le marché, certains ont fait leur preuve, sont certifiés et se vendent même en pharmacie. On peut citer à titre d’exemple, les remèdes de Père César et de docteur DAKYO de Banfora, connus de tous les burkinabè. Le produit Saye de docteur DAKYO, par exemple, a un effet certain sur le paludisme et ça, plus d’un burkinabè le sait. Ce ne sont que des exemples, d’autres remèdes ayant également fait leur preuve existent.

Si les produits de la pharmacopée font partie intégrante de notre économie, il demeurre impératif de valoriser ces produits et réglementer le secteur de la pharmacopée .En attendant ces produits gagnent du terrain et font vivre de nombreux tradipraticiens. Ces dernières années, des voix s’élevaient pour prôner la collaboration entre médecins traditionnels et modernes, une telle action pourrait servir à crédibiliser les produits de la pharmacopée aux yeux des utilisateurs. Le marché de la phamacopée grandit et profite aujourd’hui à de nombreux praticiens traditionnels.

BAMBIO Z. François

Investir-bf.info

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