E-agriculture

Blockchain : les réels avantages à exploiter au-delà de l’effet buzz autour de la technologie

La numérisation de la chaîne de valeur a transformé les transactions commerciales dans le secteur de l’agriculture. Les codes-barres avaient été une première « révolution » en permettant le suivi en continu des produits. Depuis, le mouvement s’est poursuivi avec l’innovation technologique (appareils portables pour la collecte de données, capteurs perfectionnés pour le suivi des conditions climatiques et agricoles, etc.) alors que l’avènement de l’internet a modifié les liens avec les consommateurs.

Aujourd’hui, les téléphones portables offrent de nouvelles possibilités grâce notamment aux codes fondés sur l’identification par radiofréquence (radio-frequency identification, RFID) et aux codes matriciels (quick response, QR) qui ont remplacé les codes-barres. Malgré ces avancées, des améliorations restent nécessaires sur la traçabilité des produits et la transparence de la gestion des chaînes d’approvisionnement. En effet, les bases de données utilisées pour l’enregistrement des transactions ont été jusqu’ici gérées séparément tout en restant fermées aux autres acteurs de la chaîne. Le risque de fraude est réel et la sécurisation des transactions demeure un processus complexe.

Une nouvelle technologie semble toutefois capable d’aider à relever plusieurs défis spécifiques au secteur agricole – identification des agriculteurs ou exécution des contrats intelligents, traçabilité et certification, paiements numériques, assurance, retour d’information des consommateurs, logistique. Son nom ? La blockchain.

Dans les premiers articles de ce numéro, nous reviendrons sur l’historique de la blockchain en proposant une série de définitions. Nous expliquerons pourquoi il faut d’abord sensibiliser plus d’intervenants aux avantages de cette technologie avant de passer au déploiement.

Nous analyserons ensuite des initiatives du monde entier, comme ce projet de traçabilité dans les Caraïbes à l’aide de BreadTrail ou l’utilisation de la blockchain dans le secteur du cacao en Colombie. Nous nous intéresserons à des applications développées en Afrique, en particulier pour les paiements électroniques, avec notamment cette tentative de reconstitution d’une chaîne de valeur agricole en Afrique de l’Est. Nous découvrirons les avantages mais aussi les défis liés à l’utilisation de la blockchain pour les petits exploitants agricoles d’Afrique.

Nous chercherons également à voir comment cette technologie peut être utilisée pour réduire les pertes tout au long de la chaîne de valeur. Selon la société Goldman Sachs, la blockchain pourrait permettre des économies sur les coûts des transactions commerciales d’un montant pouvant atteindre les 6 milliards de dollars.

Enfin, dans ce numéro, nous n’examinerons pas seulement les atouts de la blockchain : nous aborderons également ses limites et les questionnements dont elle fait l’objet.

Soutenir le secteur agroalimentaire des ACP pour profiter des avantages d’une blockchain

Conscient des possibilités offertes par la blockchain pour l’agriculture des pays ACP et des connaissances insuffisantes sur cette technologie dans cette région, le CTA a organisé en octobre 2017 un atelier intitulé « Perspectives dans les pays ACP dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC) et de l’agribusiness : financement des startups, impression 3D et blockchain ». Cet atelier avait pour cadre les activités tournées vers l’avenir et axées sur le numérique que le CTA organise régulièrement.

Le but était de mieux comprendre les possibilités offertes par la blockchain et la pertinence de son usage pour le secteur agricole. Un autre objectif était de formuler des recommandations en vue de promouvoir la définition d’actions stratégiques. L’événement a réuni une trentaine de participants venus d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, de l’Union européenne, etc., notamment des représentants d’institutions publiques, du secteur agroalimentaire, de start-up, d’institutions financières et d’organisations internationales.

Les participants ont reconnu que la blockchain n’en est qu’à ses débuts. Toutefois, déployée à grande échelle, elle peut apporter de nombreux avantages aux pays en développement, tant sur le plan commercial que sur celui de la gouvernance.

Et ces bénéfices ne se limitent pas au secteur agricole. Les intervenants ont souligné le rôle purement catalyseur de la blockchain en précisant qu’elle ne peut être pleinement exploitée que lorsque tous les acteurs l’adoptent et l’utilisent en toute confiance.

Une série de recommandations ont été formulées à la fin de l’atelier. Voici les principales :

Promouvoir la participation des acteurs de la chaîne de valeur agricole ainsi que l’utilisation des technologies numériques dans le secteur agricole – deux éléments essentiels pour l’adoption de la blockchain dans l’agriculture – par les petits agriculteurs et le secteur agroalimentaire ;
Sensibiliser les principales parties prenantes – institutions financières, entreprises, start-up, décideurs – à la blockchain afin qu’elles puissent en comprendre les avantages et les exploiter ;
Œuvrer en étroite collaboration avec les principaux programmes nationaux de financement des cultivateurs sous-traitants et de financement agricole afin de tester des solutions de blockchain ;
Aider les développeurs et les start-up à investir l’espace de la blockchain, notamment en concevant des programmes de formation pertinents, des formations en ligne ouvertes à tous et des activités de formation de formateurs ;
Développer des écosystèmes propices au développement et à la diffusion de la blockchain dans l’agriculture des pays ACP.

Le CTA a tenu compte de ces recommandations et a déjà lancé une série d’initiatives en ce sens. Une plateforme de connaissances sera mise en place afin de promouvoir les cas d’utilisation de la blockchain dans l’agriculture. Elle aura pour but de favoriser la collaboration à travers des actions internationales telles que celles mises en place par la Commission européenne. Le CTA lancera par ailleurs un appel à propositions axé sur la blockchain pour l’agriculture dans les pays ACP.

Dans la même rubrique

Dans d'autres rubriques

Repensez les politiques de développement et traduisez-les en pratiques efficaces Explorez certains des défis les plus urgents en matière de (...)
Vous êtes un professionnel du développement (privé, Etat ou ONG) ? Vous avez une formation universitaire (minimum de 3 ans) et plusieurs années (...)
Par : Sylvestre Ouédraogo Directeur Régional Institut Panafricain pour le développement, Afrique de l’Ouest et du Sahel Président de yam-pukri.org (...)
AVIS DE FORMATION EXECUTIVE MASTER EN POLITIQUES ET PRATIQUES DU DEVELOPPEMENT (DPP) L’Institut des Hautes Etudes Internationales et du (...)
Comme à l’accoutumée, cela fait maintenant 11 ans que l’association Yam-pukri organise un camp vacances pour les jeunes de 12 à 18 ans. dénommé (...)
Les enfants ont appris qu’il y a en général 4 types d’entreprises : les entreprises privées, les entreprises publiques, les entreprises d’économie (...)
« L’université virtuelle va lancer ses premières offres de formation à la rentrée 2020/2021 » foi de son chargé de mission. Professeur titulaire en (...)
Le ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, Alkassoum Maïga a procédé à la remise officielle (...)
Krita est l’une des références en matière de logiciel libre de dessin sous Windows. Il est complet, performant et simple à prendre en main. Un (...)

Recherche

Nous suivre

Nos dernières actualités sur les réseaux sociaux


S'abonner à la newsletter

Partenaires