E-agriculture

Dr Sylvestre Ouédraogo de Yam Pukri : « Les tic sont des leviers indispensables pour le développement agricole »

Lefaso.net : Pouvez-vous
vous présenter à nos lecteurs ?

Dr Sylvestre Ouédraogo : Je suis enseignant-chercheur à l’Université Ouaga 2. Je suis le responsable de l’Association Yam Pukri, une des pionnières des TIC pour le développement en Afrique de l’Ouest. Je suis également le responsable scientifique de l’Institut de la Formation ouverte à Distance (IFOAD) de l’université Ouaga 2.
Nous faisons de la formation, de l’appui conseils et du développement d’applications webs (bases de données, applications mobiles.. .) pour le monde rural.

Comment les Tic peuvent être utiles à l’agriculture ?

Les TIC sont des leviers indispensables pour le développement agricole. Il faut dire qu’il ya très peu de secteurs qui n’ont pas de relations avec l’agriculture. Que ce soit dans le domaine de la formation agricole, de l’accès à l’information agricole ou la gestion des exploitations agricoles ou encore du financement, les TIC jouent un rôle très important.

Comment l’agriculteur Burkinabè peut-il utiliser les Tics pour accroître sa production, améliorer sa gestion ou faciliter l’écoulement de ces produits ?

De plusieurs manières : quand on parle de TIC, on parle généralement de l’utilisation du téléphone portable, de l’ordinateur et de l’Internet. Les TIC en tant qu’outils peuvent en effet faciliter le paysan à accéder au marché par le biais des plateformes de commerce électronique, les TIC peuvent aider le paysan à mieux réguler l’usage des engrais et de l’eau grâce à l’utilisation de capteurs. Il devient également possible au producteur d’avoir à sa portée un spécialiste éloigné à des centaines de kilomètres pour l’aider dans ses choix technologiques. Grace aux bases de données Intégré, il devient possible pour le banquier d’avoir facilement confiance aux paysans en leur donnant accès au crédit agricole par simple message SMS.

Pour les coopératives et les GIE, l’utilisation des bases de données numériques permettent de mieux gérer les exploitants agricoles, l’accès au crédit de campagne et à bien d’autres informations avec beaucoup de facilités.

Parlez-nous de quelques outils que vous avez mis à la disposition d’un agriculteur ou d’un groupe d’agriculteurs ?

Nous avons développé pas mal d’outils à la carte pour des organisations agricoles que nous sommes en train de standardiser pour en faire profiter d’autres. Je peux citer ici le logiciel AGRICO qui permet de gérer les coopératives/groupement de commercialisation agricole. Il est utilisé actuellement par la plus grande organisation paysanne de commercialisation céréalière du Burkina, l’Union des groupements de commercialisation de produits agricoles de la Boucle du Mouhon (UGCPA-BM). Nous avons également développé un logiciel de gestion du foncier qui est utilisé par le secrétariat permanent du code rural du Niger. Le logiciel gestpro permet aux organisations de mieux gérer leurs projets. Nous sommes en train de travailler sur un logiciel de gestion du warrantage avec possibilité d’interagir avec des téléphones mobiles.

Un autre est en expérimentation commandé par l’association ABAC qui permettra de gérer les chaînes de valeur soja et maïs.
En plus des logiciels, nous travaillons sur du matériel innovant pour réduire la facture TIC des ONG et des associations.

Comment ces outils ont-ils amélioré leur façon de travailler ou de gérer ou encore de vendre leurs produits ?

Ces outils permettent aux Organisation paysannes (OP) de devenir plus efficaces et de ne plus dépendre d’une seule personne. Vous savez, quand une seule personne utilise son ordinateur portable pour ouvrir son fichier Excel ou Access, tout le monde dépend de cette personne. Quand la personne n’est pas disponible, tout le système est bloqué alors qu’avec un outil dynamique, chacun peut continuer à accéder à ces informations en fonction de son statut dans l’organisation. On évite ainsi les problèmes de pannes éventuelles et les données sont à jour.

Les agriculteurs burkinabè sont-ils conscients du fait que les Tics peuvent améliorer leur façon de travailler ?

Bien sûr. Les agriculteurs sont les plus grands consommateurs des TIC. Mais, il y a agriculteur et agriculteur. L’agriculteur lambda est préoccupé par sa survie mais, les agriculteurs regroupés au sein des unions et des fédérations emploient du personnel qualifié pour les accompagner dans les TIC. Vous savez, ils sont très pragmatiques et je connais certains qui utilisent la messagerie électronique alors que pleins de fonctionnaires ne savent même pas allumer un ordinateur.

Que faut-il faire, selon vous, pour mieux profiter des TIC dans le domaine agricole ?

Il faut simplement que l’infrastructure TIC soit au point, les autres choses vont venir naturellement. Si vous donnez une application logiciel à un paysan en pleine brousse et que la connexion Internet fait défaut, il va continuer à utiliser des moyens classiques.

Il sera également nécessaire que l’on mutualise les connaissances en matière de TIC pour le monde agricole afin que les paysans aient accès à peu près aux mêmes outils. Nous avons actuellement des milliers de contenus textes et vidéos qui dorment dans les ordinateurs des intervenants dans le monde rural et il suffirait de mettre cette manne à la portée des autres grâce aux sites web et aux réseaux sociaux pour démocratiser la connaissance. Nous demandons donc à tous les détenteurs de contenus numériques de les diffuser gratuitement, sinon, on va continuer à consommer les contenus étrangers, moins adaptés à nos réalités.

Propos recueillis par Judicaël Gaël Lompo

Lefaso.net

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