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Politiques de développement régionales à deux vitesses : repenser toute la stratégie

Mars Avril 2009... nous vivons la deuxième année consécutive de coupures de courants et même de rationnement d’électricité par la technique de délestage tellement rodée que la liste des zones à sevrer est publiée dans les journaux.
On a pu nous fournir une raison l’année passée : c’était une pièce qui était défectueuse. Une pièce qui prend en otage tout une économie, voir tout un pays. Cette année, on nous évoque d’autres raisons comme le problème des interconnexions...

Même si cela fait le beau jour des vendeurs de groupes électrogènes, il faut dire que ces coupures handicapent grandement l’activité économique.
Comment parler de développement et de modernisation quand il nous manque l’essentiel, l’énergie,
tous les discours ne tiennent à rien si nous ne maîtrisons pas ce facteur.
Dans un monde de plus en globalisé, il serait difficile de justifier un retard quelconque par manque d’électricité. Chaque jour, des messages qui devraient être envoyés de part de monde sont paralysés et stockés dans nos ordinateurs. Nos partenaires ne comprennent rien et beaucoup te demandent ; je ne te vois plus en ligne...


Appliquer une tarification régionale de l’électricité et de l’eau pour les centres stratégiques

Nous parlons pourtant de régions au Burkina et chaque région a son potentiel ou son opportunité naturelle ou encore, selon les économistes, son avantage comparatif : Pourquoi ne pas permettre aux régions de bénéficier de tout leur avantage comparatif ? Sinon, le Burkina ne va jamais se développer. Ouagadougou bénéficie de la présence de l’administration centrale et du monde des affaires et cela facilite la vie de ses citadins. La région de Ouaga est maintenant victime de son succès parce qu’il lui manque de poumons pour respirer. Il faut donc le soulager en créant des opportunités pour d’autres régions.

Je fais le constat simple que les villes qui se sont le développées ont été le fait d’individus ayant développé des réseaux plus ou moins parallèles ne respectant pas les normes officielles. Tout le monde sait que Pouytenga s’est développée en partie avec la fraude, Koudougou est la capitale des pièces détachées deux roues, Ouahigouya était la capitale des tissus..certaines régions Bissa avec les immigrés qui sont en Italie ont crée de véritables villes en miniatures dans leurs régions. Les populations grâce à leurs réseaux informels ont enclenché des dynamiques qui échappent au pouvoir central et on y a vu certains effets positifs. On pourra c’est vrai faire une autre analyse en disant que le manque à gagner aurait généré des revenus substantiels pour permettre un développement harmonieux de tout l’ensemble, mais, il faudrait faire une étude approfondie sur le sujet. Ceux qui connaissent le Sénégal comment s’est développé Touba, la capitale des mourides.

Nous avons tous que les Burkinabè paient leurs énergies très chères et cela grèvent la compétitivité des produits. Pourquoi ne pas profiter du Ghana voisin et permettre à la région de Pô de payer le courant au même prix qu’au Ghana frontalier, à la limite en majorant un peu ? L’interconnection électrique avec le Ghana aurait dû profiter à la région de Pô tout d’abord et ensuite le reste.
En faisant de la sorte, on pourra délocaliser la zone industrielle de Kosodo et autres dans cette région . Cette délocalisation sera favorisée par des investissements étatiques et je suis sur que personne ne restera à Kossodo, savant qu’il pourra payer son énergie 10 fois moins cher qu’à Ouagadougou. La route n’étant pas longue, les produits pourront être transférés facilement.

Le Burkina aura tout bénéfice et le surplus qui sera généré servira à acheter de l’énergie froide au cas où nos voisins se fâchaient. On pourra de même faire la même chose avec la région de Banfora pour la Côte d’Ivoire et la région de Tenkodogo Bitou avec le Togo.

La même réflexion pourra être appliquée à l’eau. Il est inadmissible que l’on paie l’eau à Bobo au même prix que Ouagadougou, l’eau de Bobo venant d’une source à l’origine potable et ne nécessitant pas trop de traitement.

Construire le nouvel aéroport international vers Boromo

En ce qui concerne le secteur du transport, on pourrait créer des milliers d’emplois en installant le nouvel aéroport international dans la région des Ballés, vers Boromo/ imaginez tous les hôtels qui iront s’implanter pour ceux désirant passer la nui pour faire une connexion avec un vol. Une autoroute permettra à Ouaga et à Bobo de joindre l’aéroport international ainsi que le train qui sera réhabilité pour accroitre la vitesse et le confort des passagers.

Repensons donc cette politique de péréquation des tarifications afin de permettre un vrai développement de tout le pays par l’exploitation des potentialités régionales. Cette péréquation pourra s’établir à une autre échelle pour permettre à l’Etat d’avoir des ressources. Des entreprises plus performantes permettront de dégager plus de profit et de payer plus d’impôts pour renflouer la caisse de l’Etat.

Imiter les pays riches

Les pays les plus riches ont fait de même et ils ont été riches parce qu’ils ont utilisé les potentialités locales et régionales. Ils n’ont pas fait de la péréquation aveugle qui bloque tout le système. Le Burkina est en train de quitter l’économie rurale pour aller vers une économie moderne et on ne doit pas ignorer ce fait : copions les autres et ne ne passons pas notre temps à chanter à la politique de lutte contre la ,pauvreté qui n’a jamais marché dans aucun pays au monde. C’est la création de richesse qui chasse la pauvreté et non la lutte contre la pauvreté qui conduit à la richesse.

Utiliser les technologies de pointe et moins couteuses comme les LED et l’energie photovoltaique

Actuellement, le système LED est à, la mode et dans tous les villages, les gens se dotent de lampes avec des batteries sèches équipés de LED. les LED ne sont pas gournande en énergie et on économiser jusqu’à 80% en utilisant les lampes LED.
Si la SONABEL est incapable de nous fournir de l’électricité, pourquoi ne crèent-elle pas un département énergie renouvelable pour prospecter le soleil par exemple qui nous brûle la peau tous les jours ?

L’utilisation des lampes LED peut réduire la consommation électrique des ménages et de l’administration de 80% et on peut installer des unités de montage de lampes LED fonctionnant à 220 volts ainsi que des unités de montage de cellules photovoltaïques.
Encore une fois, ce sont les simples paysans qui nous ont montré l’importance des lampes LED en abandonnant simplement l’utilisation des lampes tempêtes à pétrole.
le déploiement et le remplacement des lampes ordinaires en LED n’est pas compliqué et permettra des gains substanciels.

Des ordinateurs moins gourmands en énergie.

Un ordinateur consomme en moyenne 300 W. et actuellement, nous avons des ordinateurs très performants qui consomment nettement moins, dans les 20 à 30 W.
Nous pouvons donc en changeant notre approche économiser 70% de la consommation électrique des ordinateurs.

Évitons la honte qu’une seule pièce d’un groupe électrogène ne prenne en otage toute la vie et l’économie d’un pays.

Sylvestre Ouédraogo
Enseignant chercheur en économie à l’université de Ouagadougou
Spécialiste en appropriation des nouvelles technologies pour le développement
Coordonnateur www.Burkina-ntic.net et www.faso-dev.net
Tel 70250449
sylvestre.ouedraogo@gmail.com

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