Vie du réseau

Les soeurs de Pô et les TIC ?

Internet enfin à Pô

Dans le cadre de la vulgarisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans toutes les contrées du Burkina Faso, l’association YAM PUKRI a été invitée par les sœurs catholiques du CREN (Centre d’Education et de Récupération Nutritionnelle) de Tiébélé à PO pour la connexion de leur centre à l’Internet. La ville de Pô est située au Sud du Burkina Faso, proche de la frontière avec le Ghana
Il faut dire qu’auparavant, les sœurs avaient suivi une formation en informatique et à l’Internet à Yam Pukri il y a plus d’un an. Une première tentative pour les relier à la toile mondiale avait échoué parce que le dispositif téléphonique dans la ville ne permettait pas une telle opération. Cela vient d’être changé et les sœurs de Tiébélé veulent être les premières à se relier à la toile mondiale. Cela est tout à fait normal quand nous savons qu’ellent s’occupent des enfants démunis et malnutris dans la zone et qu’elle communique avec leurs partenaires dans le monde entier.
Nous pensons que notre deuxième tentative de les relier au web sera la bonne.
A la gare routière de Pô à Ouagadougou, j’ai rencontré un voyageur en partance pour la même ville. Je profite pour engager une conversation avec ce dernier :

Excusez monsieur, pouvez-vous me dire s’il y a un cybercafé à Pô ?, lui demandais-je,
Un cybercafé ? Désolé monsieur vous n’en trouverez pas, me répondit-il.
Après avoir échangé quelques mots de plus avec mon interlocuteur instituteur de la dite ville sur l’état des NTIC dans la province du Nahouri, nous prîmes le car en direction de Pô, pour y arriver 1 heure 35 minutes de route après.

A la sortie de la gare je me dirigeai vers les services de l’ONATEL ou j’espérais trouver des informations sur la situation de l’Internet dans la province, mais quelle ne fut ma grande surprise !.
-  Bonjour ! Je désirerais parler à un responsable de votre service.
-  Qui êtes vous me rétorqua un agent ?
-  Je suis de l’Association YAM PUKRI, j’ai été invité par les sœurs du CREN de Tiebélé pour les établir une connexion RTC.
-  Ici c’est l’ONATEL mais pas votre CREN !

Monsieur, j’ai vu le panneau à l’entrée, merci !
En ressortant, juste au seuil de la porte un autre agent m’interpella.
- Excusez, monsieur que puis-je faire pour vous ?
- Non, merci ! Ai-je répondu.
- Il y a un de mes agents qui m’a dit que vous cherchez des informations, puis-je vous être utile ?Insista-t-il.

- Je suis monsieur Mahamadi Sakande de l’association YAM PUKRI, venu sur invitation des sœurs du CREN de Tiébelé pour établir un paramétrage de leur ordinateur afin qu’elle puisse se connecter à l’Internet, mais avant de commencer mon travail j’ai jugé nécessaire de passer prendre quelques renseignements pour mon travail, mais l’accueil de votre agent m’a montré que vous avez encore du travail à faire, repondis-je avec méfiance.
- Je suis le chef technique de cette agence, que désirez-vous ?
Pouvez vous me dire s’il est possible de se connecter à l’Internet dans votre localité ?
- Oui cela est maintenant possible depuis le 21 mars 2004, me répondit-il.
- Y a t-il un point d’accès à Internet ici à Pô ?
- Non, je ne pense pas, il y a un monsieur qui voulait le faire mais comme cela n’était pas possible il avait renoncé, c’est le monsieur du maquis la PYRAMIDE à quelques 300 m de là.
- Et dans les foyers et les services ?
- Non à mon avis, mais je pense que ceux de Ouaga pourraient bien vous renseigner.
- Pourquoi pas vous ?
- Le côté Internet est géré par FASONET à Ouagadougou, ce qui oblige les abonnés à parcourir plus de 100 km pour effectuer leurs abonnements ou paiements.
- Vous préparez-vous pour faire face à une grande demande de fourniture d’accès à Internet ?
- Des travaux sont entrain d’être effectués pour la satisfaction de nos clients.
- Excusez moi on me demande à l’intérieur.
- Ok merci beaucoup, et à bientôt.

Après avoir quitté mon interlocuteur je repris ma route pour le rendez-vous.
- Excusez monsieur l’agent pouvez-vous m’indiquer le CREN de Tiebélé
- Pardon ?
- Ou puise trouvez le CREN de Tiebélé ?
- Je ne vois pas, qu’est ce qu’on y fait ?
- Le centre des sœurs...
- Attendez, là où il y a les sœurs oh ! Excusez-moi, prenez cette voie tout droit en face de vous vous verrez une église elles y sont.
- Merci !
Après 5 minutes de marche...
- Bonjour ! monsieur c’est vous le monsieur de YAM PUKRI ?
- Oui
- Soyez le bienvenu ! moi c’est sœur Evelyne Ouedraogo

Après ces présentations mon hôte me conduisit dans le bureau où se trouve l’ordinateur, je passe l’ordinateur à peigne fin pour être sûr qu’il dispose de toutes les conditions techniques pour une connexion Internet.
- Puis-je avoir votre abonnement.
- Oui monsieur.
- D’accord, dites ma sœur rencontrez-vous souvent des problèmes avec votre ligne téléphonique ?
- Oui mais cela n’est pas très fréquent répondit la bonne sœur.
- Ma sœur, trouvez-vous toujours un bon interlocuteur au bout de ligne en cas de problème ?
- Si nous avions des problèmes le service nous envoie des agents même s’il faut souvent attendre 2 jours, mais par contre ceux de la SONABEL sont souvent bizarres, tenez un jour un agent de cette société après avoir constaté les pannes fréquentes dans notre centre nous recommanda de nous munir désormais de lampes-tempêtes !

La configuration d’Internet fut établie avec une vitesse de connexion de 56 kbps, vitesse qui n’a cessé de régresser avec les multiples déconnexions quasi permanentes.
Je configurai Outlook Express pour le courrier mail et pris soin d’apporter quelques informations aux heureuses élues sur les avantages et les précautions à prendre sur l’Internet. Après avoir bien outillé mes hôtes pour la gestion de cet outil oh ! Combien important je repris le car en direction de Ouagadougou.

Les impressions de la sœur EVELYNE Ouédraogo, coordonnatrice du CREN de Tiébélé

Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Nous sommes les sœurs de charité Dominicaine du CREN (Centre de Récupération Nutritionnel) de Tiébélé.

Qu’est ce qui vous a motivé à établir une connexion Internet chez vous ?

Le seul moyen de communication rapide dont nous disposons aujourd’hui au CREN est le téléphone. Nous l’utilisons fréquemment pour contacter nos partenaires dont la plupart sont à l’extérieur, ce qui nous revient très cher. En plus de cela si nous devions envoyer des documents par la poste nous accusons souvent un retard.
Plusieurs de nos partenaires (Terre des Hommes Suisse Genève) nous ont alors conseillé d’acquérir un courrier électronique, que cela rendra le contact permanent, rapide et économique. En plus de cela il y a l’image du CREN que nous voulons diffuser partout dans le monde par la mise en place d’un site Web.

En quoi Internet peut—il vous être utile ?

Internet va nous permettre de réduire nos frais de communication, d’avoir un contact permanent avec nos partenaires, de découvrir les autres CREN du monde, d’attirer d’autres bailleurs...
Et bientôt de diffuser nos activités partout au monde par la mise en place d’un site Internet.

Quel appel lancez-vous aux autorités pour que les Technologies de l’Information et de la Communication soient accessibles par tous ?

Je demanderais à nos autorités de mettre tous en œuvre pour que le téléphone soit accessible à toutes les couches sociales, qu’Internet ne soit plus réservé à quelques villes et que son coût soit largement revu à la baisse.

Sakandé Mahamadi
Chargé de Maintenance à Yam Pukri
Pour Burkina-ntic

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