Vie du réseau

Hourtin 2002, quels futurs pour l’Afrique dans les NTICs ?

Grâce à Africanti et au concours de MAE, France, Yam Pukri a participé à l’université d’été de la Communication à Hourtin (www.crepac.com) du 26 au 30 septembre 2002.

Pendant 5 jours, le groupe Africanti a animé des ateliers et des débats divers mais touchant au domaine des NTICs.
Je ne vais pas relater tout ce qui s’est passé pendant cette semaine très riche en évènements, mais me concentrer sur 5 points. D’autres histoires seront visibles sur www.burkina-ntics.org
Je n’ai pas été trop bavard cette année à Hourtin comme l’ont souligné mes amis présents mais il faut qu’ils sachent que mon disque dur (en fait, mon cerveau !) était saturé par 6 semaines laborieuses de travail en Europe….

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Cette année, la participation a été très forte et elle s’est enrichie de nombreuses personnalités africaines et européennes. Un simple constat, les retardataires aux ateliers Africanti étaient obligés de rester à la porte, la tente étant bondée. Seule reproche, les petits appareils que chacun avait dans sa poche qui sonnaient bip …bip, dring …dring…. une vraie maladie des temps …modernes….je pense que si on sevrait certaines personnes de leur joujou, ils ne pourront pas tenir 24 heures, le déficit d’information allant les rendre malade.

1. La réussite des NTICs passe avant tout par le secteur privé et la présence de jeunes entrepreneurs ont permis de voir le savoir faire en termes d’innovation et les problèmes rencontrés par ces derniers. On constate donc que les entrepreneurs en NTIC sont en train de bousculer l’ordre établi en Afrique pour le grand bonheur des Africains. Comme Mr Touré Omar (Directeur du CEFIB Mali) l’a dit, « il faut que les entrepreneurs africains sachent exactement ce qu’ils veulent et apprennent à se spécialiser. On ne peut concilier le financier, l’économique et le social » . L’Afrique des pleurnichement est morte et a laissé la place à l’Afrique de l’efficacité. Il reste à réveiller et éveiller nos Etats de cette nouvelle démarche.

Dans le domaine industriel, la mise en place de technopoles dans nos pays peut contribuer à « booster » les NTICs grâce aux économies d’échelles qui vont se dégager. En Afrique, seule l’Afrique du Sud et la Tunisie ont développé ce secteur. Pour résumer le peu que j’ai retenu de ce concept, il s’agit d’aménager un espace et le doter d’infrastructures adéquates pour le développement des Ntics (moyens de communications modernes, écoles de formations en informatique, entreprises de production et de services informatiques, espaces libres à louer a des fins de services NTICs, facilités bancaires pour les jeunes entrepreneurs dans le domaine des NTICs…)
En fait, les NTICs représentent une nouvelle industrie aussi rentable que l’exploitation du pétrole ou de l’or et les investissements dans le domaine ne sont pas trop onéreux ( la première matière première étant la matière grise !), à comparer avec les autres sous-secteurs de l’économie.

2. Une forte participation de juristes universitaires et du privé africain a permis d’approfondir les débats sur le droit et les NTIC en Afrique. Dans la réalité, en effet, nous constatons de nombreux problèmes qui sont d’ordres juridiques qui nécessitent l’intervention de spécialistes dans le domaine.

3. la question des accès (collectifs, privés aux NTICs) a été aussi abordé et c’est à ce niveau que j’ai intervenu pour expliquer l’expérience de Yam Pukri dans le domaine.

La rapide évolution des accès privés du genre télécentres, cybercafés interpelle les associations et les Ong travaillant dans la promotion des NTICs à réorienter leurs actions pour aider le privé à mieux s’installer (formations de formateurs, management des télécentres…) et à la population à mieux exploiter les ressources du système(création de contenus, réseautage…)
L’initiative du réseau LIEN (Local Information Exchange Network) que nous avons commencé à créer autour des partenaires de IICD(International Institute for Communication and Developement http://www.iicd.org ) au Burkina vise 2 principaux objectifs :
Créer un réseau d’échange d’information au niveau local comprenant des associations de développement, des institutions et des associations de promotion des NTICs
Mettre en ligne un site qui rapportera l’actualité et les expériences dans le domaine des NTICs au Burkina Faso. Le site est déjà en ligne (voir http://www.burkina-ntics.org) et son ouverture officielle est prévue pour bientôt.

4. Le Potentiel des NTICs a vite fait de créer ou d’adapter des usages à tous les niveaux et surtout dans le domaine du développement. Ici, les participants ont attiré l’attention sur le fait que les NTICs comprennent bien évidemment la radio, la télé, c’est à dire les médias traditionnels. L’Afrique a de riches expériences dans le domaine et nous devons travailler à mieux insérer les technologies, qu’elles soient traditionnelles ou modernes dans nos actions de développement.

Une chose que j’aimerais partager avec vous avec ma vive crainte de cette expérimentation souvent accélérée des NTICs dans certains domaines. Nous avons peur que l’on ne nous dise dans quelques années : rien ne marche en Afrique. En faite, si rien ne marche, c’est bien, on aura compris cela et on ferra autre chose. Un monsieur Sénégalais a ainsi sciemment exposé des expériences de non réussite (création de sites webs pour des collectivités, informatisation…) mais en fait pour moi, c’est un succès parce que les populations ont choisi leur priorité.
Par exemple, on a pas fait beaucoup autour des téléphones cellulaires mais, tout le monde l’utilise aujourd’hui en afrique.

5. ce qui a fait défaut cette année encore, c’est le temps, et à l’unanimité, on a vu la nécessité d’une rencontre exclusivement Africanti. Une possible rencontre a été prévue en Février prochain.

Au nom de Yam Pukri, je tiens à remercier les organisateurs de cette rencontre et surtout à l’équipe de Annie Cheneau Loquay pour son accueil chaleureux et fraternel. Nous remercions aussi le Ministère des Affaires Etrangères de la France qui, par son département Nouvelles technologies reste à l’écoute de ses partenaires africains en soutenant toute initiative dans le domaine.

Pour terminer, je souhaite un prompt rétablissement à Rabia qui est tombé malade pendant son séjour à Hourtin. Ses interventions ont permis de nous ouvrir les yeux et de voir la réalité : On ne peut parler de NTICs sans parler du développement. Toutes nos actions et nos projections ne serviront à rien si on n’arrivait pas à toucher les « vrais gens », c’est à dire la base silencieuse qui peinent, qui travaillent ardemment pour nourrir les enfants de l’Afrique.

Cordialement

Sylvestre Ouédraogo

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