E-Agriculture

Michel Kafando face aux paysans : les agriculteurs réclament la création d’une banque agricole, un statut et un prix minimum garanti d’achat des céréales

« Plus rien ne sera comme avant ». C’est que l’on aura constaté dans les échanges directs entre le Président Michel Kafando et les paysans. En effet ce samedi 25 avril 2015, ils étaient plus de 1500 paysans en ordre de batail qui attendaient le Président du Faso Michel Kafando au Stade régional de Dédougou pour lui exposer leurs préoccupations. Et c’est un Président de la transition aussi détendu qui a fait son entrée dans le stand des échanges directs. D’entrée de jeu, le Président, Michel Kafando a libéré la parole. Il a invité les acteurs du monde rural à poser leurs préoccupations sans aucune réserve. Avant d’égrener leurs préoccupations, les paysans ont signalé au Président de la transition que « S’il est vrai que plus rien ne sera comme avant permettez-nous alors de vous répéter ce que nous n’avons cessé de plaider lors de toutes les éditions de la JNP passées mais malheureusement sans suite ». Il s’agit de toute évidence selon eux de la question du rôle et de la place que devraient occuper les 80% de la population que représentent les agriculteurs. Ces derniers disent donc espérer, cette fois-ci, de la transition des actions et mesures fortes allant dans le sens de la résolution des préoccupations qui seront de nouveau posées. Après cette précision, ils ont d’abord fait le bilan de la mise en œuvre des engagements de la JNP 2014. A la suite de quoi, les régions ont exposé au Président de la Transition leurs recommandations et engagements pour l’année 2015. A ce niveau, les recommandations sont entre autres la fixation d’un prix minimum garanti, l’amélioration des conditions d’accès au crédit, l’encadrement technique des acteurs et le renforcement de leurs capacités, la subvention des équipements et intrants, l’aménagement de bas-fond et la construction de barrage. Les acteurs du monde rural demandent également une exonération sur les équipements agricoles.

De la nécessité de création d’une banque agricole

Après les recommandations et engagements des régions, les paysans ont présenté au Président, Michel Kafando, le rapport du forum et des ateliers sectoriels qui ont porté sur le thème, « accroître la productivité des exploitations agricoles familiales pour l’atteinte de la souveraineté alimentaire au Burkina ». Il ressort que pour la promotion des exploitations agricoles familiales en vue d’atteindre la souveraineté alimentaire au Burkina Faso, il faut la création d’une banque agricole. Le projet de création de la banque dénommée « Faso Banque » a été remis dans les débats avec le Président du Faso. A les en croire l’activité agricole reste bloquée par l’accès difficile au crédit. Les agriculteurs ont signifié qu’a priori chez les institutions financières classiques, le paysan est déclaré insolvable. Et De se plaindre « pourtant avec 20 000 fcfa de salaire le fonctionnaire est solvable, tandis que le paysan ne l’est pas ». Le paysan est soumis selon eux à une procédure draconienne pour son accès au crédit. Selon les intervenants, les paysans peinent donc à fournir aux institutions financières la panoplie de papiers et de garanti requis pour l’obtention d’un crédit. En plus, les acteurs du monde agricole estiment que le taux d’intérêt des micros finances et des institutions bancaires classiques est très élevé. Il varierait entre 15 à 25%. Les paysans ont indiqué au chef de l’Etat, Michel Kafando qu’ils ont déjà réuni les 51% du capital de la banque en gestation. Ils attendent de l’Etat les 49% pour créer la Banque agricole, « Faso banque ». A ce sujet, le Président Michel Kafando et le premier ministre Yacouba Zida ont promis de mener une réflexion approfondie avant de donner une suite. Pour le premier ministre, il est nécessaire de savoir les raisons explicatives de la faillite de l’ancienne banque agricole avant de créer une nouvelle banque. Cela éviterait que la nouvelle subisse le même sort que la défunte Banque agricole.

Une loi d’orientation sur le statut du métier agro-sylvo pastoral et faunique

L’une des préoccupations des acteurs du monde agricole de la 18e Journée nationale du paysan de Dédougou est l’élaboration d’une loi d’orientation définissant le métier agro-sylvo pastoral et faunique comme un métier à part entière. Pour eux, tout le monde peut aujourd’hui se réclamer agriculteur. Et pourtant nombreux sont ceux qui font l’agriculture comme métier complémentaire, de retraite ou de distraction. Or à côté de ces gens explique Bassiaka Dao, le Président de la confédération paysanne du Faso (CPF), il y a d’autres personnes qui n’ont aucune autre activité à part l’agriculture. Pour lui, il faut nécessairement définir leur statut à travers la loi d’orientation. Ce statut va contribuer selon le président du CPF, Bassiaka Dao d’organiser d’avantage les acteurs du monde agricole. Le statut pourrait également les accorder des avantages. Les acteurs du monde rural ont réclamé la gestion de l’organisation de la Journée nationale du paysan. Ils ont également dénoncée l’intrusion des politiques dans les organisations paysannes. Les acteurs du secteur privé rural ont par la voix de madame Simone Zoundi recommandé le renforcement des capacités des producteurs aux nouvelles techniques de production et de résilience et la vulgarisation des systèmes d’information sur les marchés et la formation des acteurs à leur utilisation.

« La 18e Journée nationale du paysan a connu un franc succès »

« La 18e Journée nationale du paysan a connu un franc succès. Nous avons noté vos différentes doléances. Ensemble nous allons résolument travailler à donner les solutions qu’il faut pour mieux vous aider afin que le secteur rural fasse un bond significatif » a apprécié le Président Michel Kafando à la fin des échanges directs. Tout indique selon lui que beaucoup a déjà été fait. Mais que beaucoup reste à faire tant les défis sont énormes. Pour le Président de la Transition ce qui est déterminant pour le développement reste la passion de travailler pour son pays. Ainsi « je compte donc sur vous pour parvenir par un travail laborieux et assidu à faire de notre Burkina un grand pays agricole pour l’atteinte de la souveraineté alimentaire ». De l’avis du Président Kafando, au total les signes qui se dégagent de cette 18e édition « est une nette prise de conscience que les acteurs du monde rural, les acteurs de développement constitue véritablement le moteur de l’économie nationale ». C’est pour quoi se justifie Monsieur Kafando le gouvernement va examiner les recommandations et les engagements des acteurs et voir dans quelle mesure, il va donner satisfaction à l’ensemble de ces doléances. Qu’à cela ne tienne le Président de la confédération paysanne du Faso, Bassiaka Dao plaide pour la tenue rapide d’une rencontre entre les structures techniques des ministères concernés et les organisations paysannes pour l’opérationalisation des recommandations et engagements pris lors de la 18e JNP. Sans quoi ces engagements et recommandations restes des orientations vagues à opérationnaliser.

Ibrahima TRAORE
Lefaso.net

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