Environnement

Protection de l’arbre à karité : 4 organisations maliennes et burkinabè se donnent la main

Le projet d’appui aux initiatives paysannes pour la gestion durable des ressources du karité dans les territoires villageois du Mali et du Burkina a été lancé le 12 février dernier à Dédougou. La salle de conférences du centre Di Alfred Diban de Moundasso a servi de cadre à la cérémonie présidée par Ouétien Tibiri, président du conseil régional de la Boucle du Mouhoun, entouré des directeurs régionaux et un panel d’invités. Prévu pour durer 3 ans, ce projet qui est une initiative de l’intercoopération du Sahel sera coordonné par l’agence Corade au Burkina et Bacil au Mali, et permettra à 4 organisations paysannes maliennes et burkinabè de mener des actions pour la sauvegarde et la protection à long terme des peuplements de karité.
L'arbre de karité
Levier de la lutte contre la pauvreté en milieu rural, le karité (Vitellaria paradoxa) est de nos jours, selon des chercheurs, menacé de disparition au Mali et au Burkina qui sont parmi les plus grands producteurs mondiaux de karité. Cette essence n’en est devenu que plus vulnérable et ne parvient plus à régénérer, principalement à cause de la disparition progressive des jachères. Face à cette menace et compte tenu des importantes fonctions écologiques, alimentaires, économiques et culturelles du karité, l’intercoopération du Sahel, avec l’appui de la coopération suisse, a initié le projet "Shisun" pour le renforcement des femmes dans la gestion du karité au Mali et au Burkina. La fédération des producteurs professionnels de la Sissili (FEPPASI) et l’Union provinciale des producteurs de coton des Banwa (UPPCB) au Burkina, l’union des femmes productrices de karité des cercles de San et de Tominian (ASPROFER) et l’association des femmes rurales de Koutiala (CESIRI) au Mali sont les quatre organisations paysannes qui sont appuyées par le projet pour la gestion durable du karité.

Trois ans durant, ces organisations paysannes burkinabè et maliennes vont, non seulement mettre en oeuvre des stratégies d’incitation à la protection du karité au sein des communautés, mais aussi définir un plaidoyer auprès des autorités publiques nationales et régionales afin qu’elles considérent le karité comme une filière porteuse et prennent des mesures qui améliorent la protection de la ressource. Selon Alexis Kaboré de l’agence Corade, le choix des femmes s’explique par le fait que les femmes rurales restent les principales actrices sur laquelle repose l’ensemble de la filière karité, aussi bien du point de vue de la récolte, de la transformation que de la commercialisation.

Le ramassage des fruits, le conditionnement des amandes, la transformation en beurre et la vente de produit prétransformé, sont des activités exclusivement féminines. Elles sont également les principales utilisatrices des espaces de savane et de parcs agroforestiers. Malheureusement, ces femmes rurales disposent de peu de pouvoir de décision et sont souvent tenues à l’écart de la gestion du foncier rural et des ressources naturelles. L’objectif à atteindre au cours des trois années, c’est d’arriver à la participation active des femmes dans les décisions au niveau des villages, toute chose qui va déboucher sur l’amélioration durable de la gestion des parcs agroforestiers au Burkina et au Mali. Pour y parvenir, des activités de sensibilisation, d’information sur les méfaits de l’abattage de karité, la destruction de jeunes plants dans les champs, la cueillette des fruits immatures devront être menées.

Aussi, des journées de protection, de production et de plantation des pieds de karité, l’installation de vergers à karité ainsi que des rencontres de concertation avec les chefs d’exploitation et les chefs coutumiers devront être organisées. Le temps est certes court pour de si grandes ambitions. Mais pour le chargé du programme d’intercoopération au Sahel, Célestin Dembélé, le pari est d’arriver à développer des mécanismes de diffusion qui permettent d’avoir un effet levier et attirer un maximum d’acteurs autour de la gestion du karité.

Selon lui, de nombreuses initiatives sont en cours tant au niveau des familles paysannes que des instituts de recherches, avec divers essais de domestication, mais surtout de gestion et d’exploitation multifonctionnelle des savanes et parcs agroforestiers avec des processus de négociation entre tous les acteurs locaux impliqués. Le projet va travailler au renforcement des cadres de concertations et d’échanges entre les acteurs de niveaux intermédiaires au Burkina et au Mali. La promotion de réseaux de formation et d’information privilégiant la participation des femmes, la facilitation de processus pour la construction collective de connaissances et de leur diffusion, et le renforcement des capacités de plaidoyer des actrices et acteurs auprès des collectivités territoriales décentralisées, des services techniques déconcentrés et de l’Etat pourront contribuer à l’atteinte des objectifs.

Tout en se réjouissant du choix de sa région pour le lancement officiel du projet, le président du conseil régional a invité les femmes, principales actrices de la filière karité, à mettre à profit l’accompagnement du projet pour conquérir leur place légitime dans les espaces où l’avenir du karité se dispute. Aussi a-t-il pris l’engagement de faciliter l’établissement des synergies nécessaires au succès du projet. La trentaine de membres des deux organisations faîtières burkinabè présente à la cérémonie a, pendant 72 heures, examiné les éléments du projet, son cadre logique, et élaboré un programme pour l’année 2008, échangé avec les conseils régionaux sur les dispositions de partenariat.

Par Serge COULIBALY/ http://www.lepays.bf/quotidien/mouhoun2.php?codeart=14579&numj=4059

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