Savoirs locaux

Port sec de Bobo-Dioulasso : une place économique forte pour l’Uemoa

L’inauguration de la gare routière internationale de Bobo-Dioulasso, le vendredi 22 janvier 2010, constitue un évènement majeur dans la vie socioéconomique du Burkina Faso et de la sous-région. Placé sous le haut patronage du président du Faso, la manifestation a déplacé un grand nombre de responsables et d’acteurs politico-économiques de notre pays et de la sous-région…

C’est, incontestablement, une belle et majestueuse infrastructure, qui s’étend sur un domaine de 120 hectares et qui ambitionne de répondre désormais, entre autres, à une « demande de plus en plus croissante des transporteurs pour l’entreposage des marchandises ». En fait, ce qui est à présent inscrit au patrimoine commun comme étant le « port sec » de Bobo-Dioulasso vise à « mettre à la disposition des transporteurs, une plateforme moderne et adéquate de fret, en vue des formalités douanières en un seul lieu pour l’importation et l’exportation des marchandises ». Et il aura fallu du temps, de l’énergie, de la ténacité pour la concrétisation de ce projet, vieux de plus de 20 ans, véritable outil intégrateur pour les économies de la sous-région.

On peut donc comprendre la légitime fierté du gouverneur de la région des Haut-Bassins, Pascal T. Benon, lorsqu’il salue « la clairvoyance des décideurs à faire du Burkina un pays qui émerge et qui occupe dignement sa place dans le concert des nations ». Car, à l’évidence, au-delà de son importance majeure pour tout l’Ouest du Burkina, la gare routière internationale de Bobo-Dioulasso, encore appelée « Boborinter », constitue déjà une plateforme de choix pour le transbordement rail-route, et une place forte d’échanges commerciaux pour les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa).

Cela n’a pas échappé aux pays voisins, qui ont dépêché des représentants dans la ville de Sya, afin d’être des témoins de la mise en route de ce nouvel instrument d’une meilleure promotion de l’intégration par le commerce. Ainsi, le Directeur général du Port autonome de Dakar, Bara Sady, ne doute pas de l’accroissement notable des échanges entre le Burkina et son pays, le Sénégal, qui dispose déjà d’une infrastructure similaire, qui s’étend sur 21 hectares. Pour lui, en effet, « le port sec de Bobo-Dioulasso jouera un rôle important dans les échanges ». Même son de cloche de la part du Directeur des opérations portuaires du Port autonome de Lomé, Komi Gameli Toussa, qui note au passage le mouvement d’accélérateur que jouera « Boborinter » dans la complémentarité des actions, des offres et des opportunités des différentes infrastructures portuaires du bord de mer pour les pays enclavés.

Deux défis

Tout le monde est donc d’accord sur la pertinence de la mise en œuvre de cette gigantesque infrastructure, qui vient relever, selon le président du Faso, Blaise Compaoré, deux défis majeurs. D’abord, celui d’une meilleure organisation du traitement du fret, qui s’impose aux pays de l’hinterland en raison de « la libéralisation des échanges dans un contexte international de crises ». Ensuite, « l’adoption et la mise en œuvre de politiques efficaces de désenclavement et de dynamisation du monde des affaires », corollaire de « l’accélération de la croissance et la réalisation des objectifs de développement dans les pays dépourvus de littoral maritime ». Aussi, en coupant le ruban symbolique du port sec de la ville de Sya, vendredi dernier, le président du Faso, -qui avait notamment à ses côtés, Me Stanislas Bénéwendé Sankara, qui opérait sa première sortie officielle dans ses nouveaux habits de chef de file de l’opposition- engage le Burkina à « relever ces défis majeurs, en vue d’assurer avec sérénité, sa desserte et de favoriser l’émergence d’une activité économique génératrice de richesses pour l’ensemble de la communauté nationale ».

Déjà, la plateforme multimodale, destinée au traitement du fret national et international, qui occupe un espace de 19 ha, devrait être complétée par un « port franc », qui permettra, selon Alizèta Ouédraogo, vice-présidente de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina (CCI-B), de « viabiliser 80 hectares pour accueillir principalement des entreprises de transformation des produits destinés à l’exportation, puis des services d’appui et d’accompagnement aux Petites et moyennes entreprises (PME) ». D’un coût d’environ 7 milliards de francs CFA, la construction de cette plateforme a bénéficié de l’appui financier de la Banque ouest africaine de développement (Boad), à hauteur de 2,5 milliards de francs CFA et du consortium des banques du Burkina –BCIA-B, chef du pool, et BCB, BIB BACB, SGBB- avec une enveloppe de 2,235 milliards de francs CFA. La Chambre de commerce et d’industrie du Burkina, gestionnaire de l’infrastructure, a, elle aussi, cassé sa tirelire, pour mettre 1,150 milliards de nos francs dans la corbeille.

Une doléance

A présent, il faut espérer –et le représentant des partenaires techniques et financiers l’a bien souligné- que l’entretien et la gestion de cette belle infrastructure lui permettent de jouer pleinement son rôle de régulation et d’intégrateur des activités commerciales et économiques de la zone Uemoa. En attendant, Alizèta Ouédraogo a de la suite dans les idées et a formulé une doléance majeure au chef de l’Etat. Il s’agit notamment de la réalisation des aménagements des voies de desserte menant sur le site. Une doléance qui pourrait s’inscrire « dans les activités prévues dans le cadre de la commémoration du cinquantenaire de l’indépendance de notre pays, en cette année 2010, dans cette même ville de Bobo-Dioulasso », a plaidé, fort à propos, la vice-présidente de la CCI-B, sous les vivats de la foule. Sûr que cette plaidoirie trouvera un écho favorable auprès du président du Faso, qui ne souhaite pas moins que… « cette magnifique infrastructure contribue à l’éclosion de nouvelles activités susceptibles de fortifier l’économie nationale ».

http://www.fasozine.com/index.php/societe/societe/2257-port-sec-de-bobo-dioulasso-une-place-economique-forte-pour-luemoa

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