Genre et TIC
Si tout le monde semble comprendre la notion de genre ainsi que ses implications sociales, politiques et économiques, il n’est pas évident de l’intégrer dans un projet de développement et surtout dans le domaine des technologies de l’information et de la communication qui est un phénomène récent.
Vu l’importance du sujet, il est impérieux d’accorder les violons avec les intervenants dans les projets TIC en Afrique. Le CRDI avec son programme ACACIA a donc organisé un atelier de travail à l’intention de ses partenaires de projets en Afrique.
Cette importante rencontre a vu la participation de plusieurs responsables de projets de plus d’une dizaine de pays dont le Burkina Faso avec la participation du coordonnateur du réseau Burkina ntic. Il faut rappeler que Yam Pukri a signé un protocole d’accord de projets avec le CRDI dans le domaine du secteur informel des TIC en Afrique.
Cette recherche qui a démarré il y a de cela quelques mois concerne le Burkina Faso, le Cameroun et le Sénégal et va permettre d’avoir une connaissance sur l’état des lieux du secteur informel des TIC en Afrique ainsi que leur contribution au développement de leurs pays respectifs.
L’atelier s’est étalé sur deux jours et le programme était très participatif.
Plusieurs questions trottaient dans la tête des participants : Entre autres :
A quelle phase du projet doit-on intégrer le genre ?
Que signifie integrer le genre dans les projets ?
Désagréger les données quantitatives selon le sexe signifie t-il
qu’on adopte une approche genre ?
Intégrer le genre dans les projets TIC : Quelle est la bonne approche ? au début, au milieu, à la fin ?
Intégrer signifie t-il prendre en compte réellement ou cela veut dire faire semblant de prendre en compte ?
une projet avec composante genre est- elle différente d’un projet ou le genre a été pris en compte ?
comment mesurer aux différents stades du projet la prise en compte du genre ?
Le fait d’avoir des femmes dans une équipe de recherche la rendra t-elle genre-sensitive ?
Où trouver des spécialistes en genre/TIC quand on en a besoin ?
Dans la pratique, existe t-il des dispositifs ou des recherches tendant à rendre implicite les TIC pro genre ou facilement utilisable par le genre ?
On dirait que les outils/usages ne changent pas ou ne suivent pas les caractéristiques propres au genre.
Dans la plupart des projets, on dirait que l’on inclue le genre pour mieux l’exclure : les bailleurs de fonds étant sensible à la question. Au Burkina Faso par exemple, dans la stratégie nationale de développement des TIC, on voit dans le document de base des termes comme y compris les femmes, avec les femmes, avec les personnes marginalisées...
Il manque une démarche tendant à montrer les avantages réels de l’inclusion du genre dans les initiatives de développement vu sur le plan des intérêts des individus (matériels, financiers, accroissement de la valeur et non du groupe dans le sens du développement (plus global).
Un des points focal de la dimension genre est de voir les transformations dans le domaine et la dynamique des inégalités. cela est différent de l’approche gender neutral ou politiques spécifiques du genre qui tendent à mettre de coté la division du travail ainsi que la répartition de richesse entre hommes/femmes.
Sous la coordination de Ramata Molo Thioune Administratrice de Programmes/Program Officer Acacia, Connectivité Afrique/Connectivity Africa Droits des Femmes et Participation Citoyenne, l’atelier était animé par deux grandes spécialistes de la question, en occurrence Ineke Buskens et Natasha Primo.
Après cet atelier très intensif, un tour de table à la fin de l’atelier a montré que les participants(es) sortent éclairés sur les méthodes d’approches de la prise en compte du genre dans les projets à composante TIC. Des outils techniques ont été donnés aux participants(tes) pour les aider à cette préparation de la prise en compte du genre.
Sylvestre Ouédraogo