Vie du réseau

Pays Dogon en 2CV

1 - Le Toguna ou l’arbre de la sagesse

2 - Le pays Dogon virtuel et le pays Dogon réel

3 - Le CLIC de Djenné


Lundi 16 janvier au 22 janvier 2006, nous avons pris la route pour visiter une partie du Mali et du Burkina Faso : le pays dogon, Mopti et Djenné étaient notre destination au Mali. Au Burkina, nous visons seulement Bobo Dioulasso et ses environs, un périple de 1200 Km en 2CV.

2CV à Djenné

J’avais déjà effectué de nombreux déplacements en 2CV : Ouaga-Bamako, Ouaga Sikasso, Ouaga-Bobo. Ma 2CV, bien qu’au point ne me satisfait pas encore.
Il me manquait que d’installer un frigo à bord pour avoir de la bière fraiche, un ordinateur et une antenne satellitaire pour que la 2cv devienne un cyber véhicule original aussi équipé que les voitures de guerre américaine. Çà, ce sera une autre histoire parce que j’ai pu acquérir une autre 2Cv et je vais bien travailler sur celle là afin de l’intégrer un ordinateur à bord. Pratique pour aller sur la toile, écouter la musique et pour prendre des notes.

Le Toguna ou l’arbre de la sagesse

Le Toguna au pays Dogon

Comme il fallait joindre l’utile à l’agréable, je suis intéressé également par le phénomène des TIC au cours de notre traversée : une amie néerlandaise en vacances, un ami, Alfred, familier de la brousse africaine et un as du volant et moi-même formions l’équipe. Nous partîmes le matin du 16 janvier en passant par Ouahigouya, ville située à 181 km de Ouaga. Après une courte halte, nous continuâmes vers la frontière, voyages sans encombres avec seulement de la poussière s’engouffrant dans la voiture. Nous traversâmes la frontière et nous nous engageâmes pour joindre Bankass, une grande ville dans la localité. On y trouve quelques auberges avec un décor propre du pays dogon, les maisons en argiles et les fameux hangars Toguna qui a inspiré le réseau Togunet. Le Toguna est un hangar très bas et ses piliers sont sculptés dans du bois avec toutes sortes de représentations. C’est ce que l’on appelle arbre à Palabre souvent. On échange des questions du village sous la Toguna. Elle est expressément faite très basse, ce qui rend incommode la station debout. Il est donc interdit de s’énerver sous la Toguna. En général, un homme énervé se lève par précipitation et invective une ou plusieurs personnes. C’est là que le Toguna le remet à l’ordre d’une manière naturelle. En effet la tête du malheureux qui se fâche va cogner le plafond du hangar et il se ressaisira très vite et reprendra la station assise, attitude plus sage ;


Le pays Dogon virtuel et le pays dogon réel


Pourquoi visiter le pays dogon ?, je ne pose moi-même cette question parce qu’ayant une connexion Internet permanente au bureau, j’ai découvert pleins d’informations sur des sites web sur le Mali et précisément le pays dogon. Je voulais même constater et expérimenter au lieu de m’en tenir au web, mais les informations sur le web furent très précieuses parce que j’ai appris beaucoup de choses que mon voyage ne m’a pas permis de découvrir. En effet, les guides, rodés et fatigués par les multiples visites et passages des touristes ont maintenant acquis l’art de répondre comme des perroquets à une question. Ils racontent et répondent pour émerveiller le touriste, pour ne pas le choquer et pour ne pas déranger l’ordre des villages. Je ne me suis pas intéressé par des telles informations, je préfère donc faire ma propre étude documentaire et la compléter avec mes propres observations visuelles. Le net est irremplaçable pour cela. En revanche, la maitrise de l’anglais par les guides m’a épaté ; Au Burkina, il est rare de trouver un guide qui s’exprime en anglais. Les guides appartiennent à une association et s’entendent pour travailler en harmonie dans la zone. On évite donc les problèmes dans les villages (paiements des droits de visite, sécurité dans les zones touristiques...). Des rotations sont effectuées entre les guides quand un client arrive, ce qui facilite encore le travail.

A Bancass, il existe seulement quelques lignes téléphoniques. Le réseau mobile n’est pas encore passé par là. Les jeunes et surtout, les nombreux guides attendent de pied ferme l’arrivée du téléphone portable. Mode ou nécessité, les deux sont inséparables. On a pris la route pour dormir dans un village en bas de la falaise (Endé). La piste, très sablonneuse et défoncée est presque impraticable et le guide fut étonné que la 2CV arrive à avancer dans des endroits où des 4x4 ont démissionné ! Un garçon de 12 ans environ de Endé me dit alors que la 2Cv a un moteur de 4x4 très puissant sous son capot et c’est pour cela il arrive à rouler dans ses endroits.

Attention au Tsunami dans le pays dogon !


La falaise est jalonnée de nombreux villages dogons sur des dizaines de kilomètres. La zone est visitée par de nombreux touristes tous les jours, certains campant près de la falaise, d’autres organisant des randonnées. Je vis quelques plaques de l’UNESCO et de certaines sociétés américaines dont je ne citerai pas le nom affichées sur des roches. Je ne sais même pas ce qu’ils viennent foutre ici.
En regardant la falaise et des dizaines de touristes qui y grimpent pour découvrir les anciennes habitations dogons, je me dis que nous avons la chance que le Tsunami ne vienne pas ici, et les éboulements ?

Aucun moyen de communication moderne n’existe ici, en dehors de certains touristes nantis qui ont des téléphones satellitaires !, me confie le guide Seydou. Si une personne est malade, ou blessée, il faut se taper des kilomètres pour aller chercher une aide à Bancass avec la route que vous connaissez, la radio est le seul canal utilisé pour diffuser les informations. Si par exemple votre bœuf est égaré, vous allez à la radio de Bancass faire un communiqué. Mêmes les commissions se font à travers la radio, mais il faut se déplacer sur des kilomètres pour joindre la radio tout d’abord...
Je lui demandai alors : route ou téléphone tu choisis quoi ici. Je préfère la route d’abord, me confesse t-il.

Pour moi, le pays dogon et surtout la zone touristique devrait posséder un système d’alerte pour aider les personnes en difficultés. En montant sur le plateau, nous avons rencontré une touriste en difficulté. Il a fallu que son guide nous donne un message afin que l’on le transmette à Bandiagara pour qu’une voiture vienne les chercher : nous sommes au 21ième siècle ailleurs et à l’âge de la préhistoire ici.

Arrivée à Bandiagara, j’ai pu faire quelques appels téléphoniques dans un télé centre sans encombre, mais faites gaffes : regardez le compteur avant de téléphoner, sinon, vous pouvez avoir des surprises désagréables. En effet, j’ai trouvé qu’une personne avait déjà utilisé le téléphone et un crédit était déjà porté sur l’appareil. J’ai donc demandé à ce que l’on remette le compteur à zéro.

Après un court arrêt à Bandiagara, (çà me rappelle ma leçon d’histoire à l’école primaire : le célèbre Soundiata Kéita a disparu dans les falaises de Bandiagara...), nous primes la route pour Mopti, une traversée de plus de 100 Kilomètres. Nous arrivâmes à Mopti dans la soirée et y passâmes la nuit. Contrairement à Sévaré qui a vite grossie et devenue une ville moderne, Mopti est restée plus ou moins authentique, espace oblige. Coincé entre les nombreux bras du fleuve Niger, la ville ne peut pas s’étendre. La belle mosquée de la ville qui était habillée en ciment est en réfection : on a ôté sa robe de ciment pour laisser son enveloppe en enduit argileuse. L’UNESCO appui les travaux ;
On décida alors de continuer à Djenné, après avoir fait une petite balade en pirogue pour visiter quelques villages situés sur des ilots de terre. Sur ces morceaux de terre, l’activité qui domine est la pratique de la pêche. Le poisson est fumé et revendu dans toute la région jusqu’au Burkina Faso. Petit, je connaissais les fameux poissons de Mopti parce que j’étais à Ouahigouya situé sur la route du poisson.


Le CLIC de Djenné

Nous arrivâmes à Djenné dans la soirée. Le bac venait de démarrer et la 2CV y grimpa sans encombre. Avec avoir roulé sur des pentes de 18%, ce n’est pas un petit bac à moteur pouvant prendre 3 voitures qui vont l’impressionner.
Djenné est une ville qui n’est plus à présenter.
Fondée 250 ans avant Jésus Christ, Djenné, Classé patrimoine mondial par l’UNESCO, la ville est construite en banco et on fait tout pour préserver la riche architecture traditionnelle. Les maisons ont au plafond une dalle d’argile renforcée avec du bois de rônier, ce qui la rend thermiquement stable et agréable à vivre à l’intérieur. Les toilettes sont au premier étage. Certaines maisons ont 2 niveaux. Les modifications du style de vie dues au modernisme ne facilitent pas les choses.

Nous fîmes un tour d’honneur dans la petite ville, ballade agrémentée par les cris des enfants, heureux de voir une 2CV. Ils l’appellent en rigolant, la voiture grenouille ! En bamanan !, Au Burkina, c’est la Baby, aux Pays Bas, la vilaine voiture, une heure après notre arrivée, tout le monde savait que des hôtes particuliers étaient arrivés dans une voiture rare et plutôt bizarre. Un panneau d’affichage public attira mon attention : centre locale d’information et de communication (CLIC), je décidai aussitôt d’y faire un tour parce qu’effectuant un travail similaire au Burkina.

Nous fumes bien accueilli avec la gérante, Mme Assetou Koumaré, femme du Maire et on l’eut une excellente conversation avec Monsieur Levy Dougnon, Président du Comité Consultatif du Centre local d’Information et de Communication.( http://www.clicmali.org/rubrique.php3?id_rubrique=4)

Le Président du CLIC Djenné, Mr Dougnon Levy
Il est le responsable de la Radio Jamana également
Mme Assetou Koumaré, Gestionnaire CLIC de Djenné

Tout d’abord, on avait la radio Jamana et on est venu greffer le CLIC qui existe dans 10 villes au Mali. Le CLIC possède 8 ordinateurs connectés à l’Internet par VSAT. Un des grands problèmes est le coût de location de la VSAT. Nous n’avons pas assez de clients pour rentabiliser notre investissement. La ville est petite et la population pauvre. Les clients fortunés sont seulement les touristes, mais nous faisons des efforts pour intéresser les élèves et les étudiants aux TIC. Des formations sont organisées à leur intention. Des tarifs préférentiels sont aussi proposés pour ce public, nous dit la gérante.
Elle accepte de nous héberger dans la nouvelle maison de son mari qui était le maire de la ville.
Nous passâmes donc une nuit agréable en leur compagnie.

Le CLIC de Djenné a essayé de redistribuer sa connexion à certaines organisations dans la ville, mais les frais d’investissements sont élevés. J’en ai discuté à Mr François Laureys de l’IICD qui m’a dit que les jeunes de Réonet (IDC) (http://www.reoafrique.com) à Bamako avaient réussi avec quelques bricoles pas chères à ventiler leur connexion dans un rayon de plus de 5 km. Vivement qu’ils viennent aider le CLIC de Djenné à le faire parce que cela les permettra de rentabiliser leur connexion.

Nous avons également échangé autour de partenariats éventuels entre le CLIC de Djenné, Togunet (mali-tic), et Burkina-ntic.org

J’étais impressionné par la simplicité des installations de la radio locale et sa fonctionnalité. On sent une grande appropriation des gestionnaires dans le fonctionnement de la radio. Vivement que l’on vienne les soutenir avec du matériel numérique pour mieux gérer les émissions effectuées.

Radio Jamana de Djenné, abritant le CLIC

Après ce court séjour à Djenné, nous avons pris la route pour Bobo Dioulasso, une traversée de plus de 400 Km. La 2CV ne trouva pas de problèmes pour nous accompagner dans cette nouvelle aventure. Nous arrivâmes à Bobo Dioulasso vers 22h après une crevaison du pneu arrière gauche qui nous a fait perdre 2 heures sur la route !
A Bobo, on a croisé Mr François Laureys qui aussi est venu par la route de Bamako à Sikasso et par la suite à Bobo. On travailla ensemble sur le projet communication de l’Union Nationale des Producteurs de Coton dont le siège est à Bobo. Mr Laureys lui même a possédé une 2Cv dans sa jeunesse et a voulu tenter une fois encore un voyage en 2CV. On arriva à caser sa grosse valise dans la deuche et on prit la route le surlendemain pour remonter sur Ouagadougou.

Sylvestre Ouédraogo

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